Jacques Testart, biologiste, président d’honneur de Sciences Citoyennes. L’article est également disponible dans la revue Les Possibles — No. 25 Automne 2020.
La récente pandémie a montré l’impuissance de la science pour combattre un fléau pourtant clairement attendu. Ce n’est pas seulement l’insuffisance matérielle des moyens de protection (masques, désinfectants, tests…) qui fut alors révélée, démontrant une carence du politique, c’est l’ignorance scientifique de leur efficacité réelle et de leurs places respectives dans la stratégie de distanciation et de confinement, seule parade disponible bien qu’héritée des siècles passés. Et ce n’est pas seulement l’absence de traitement qui inquiète, c’est la perspective très lointaine et même douteuse d’un traitement efficace (vaccin).
Pourtant, les responsables politiques, et les médias unanimes, ont propulsé la science et les « savants » comme unique source de savoir et de proposition. Outre la création de deux conseils scientifiques pour éclairer le gouvernement, la plupart des controverses publiques ont évalué le degré de scientificité de telle ou telle mesure (voir la comédie médiatique avec Didier Raoult en vedette non conformiste), comme la controverse de Valladolid évaluait le degré d’humanité des « sauvages ». Ce fut alors un spectacle de science réelle avec son cortège de fake news, de preuves expéditives ou de remèdes miracles, pour cause de compétition et d’articles falsifiés jusque dans The Lancet.