Réaction de Sciences Citoyennes à la publication du rapport sur les Sciences participatives

Par et
jeudi 19 mai 2016

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Sciences Citoyennes a souhaité adresser au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (EER) un document de positionnement réaffirmant l’importance de soutenir la Recherche participative. Ce sont avant tout de véritables pratiques de co-construction des savoirs qui permettront de renouveler le dialogue Sciences-Société.

Les ministres de l’EER ont commandité en février 2015 une mission portant sur ce qu’ils ont appelé les Sciences participatives, c’est-à-dire toutes formes d’implication de non-chercheur dans des processus de recherche scientifique. Le PDG de l’INRA François Houllier, qui pilotait la Mission, a rendu aux ministres en février 2016 ses résultats sous la forme d’un rapport (pour prendre connaissance du rapport, suivre ce lien).

Sciences Citoyennes a pu participer aux travaux de la mission Sciences participatives, notamment en déposant un cahier d’acteur (pour lire notre cahier d’acteur, suivre ce lien). Suite à la publication du rapport de la Mission, l’association a souhaité apporter un éclairage supplémentaire sur les résultats et les recommandations élaborés dans ce document. En effet, deux points de vigilance majeurs nous semblent à mettre en lumière :

  • Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour caractériser précisément la diversité des pratiques en matière de collaboration chercheurs/non-chercheurs. Il n’est pas concevable d’assimiler les sciences participatives (collecte de données par des bénévoles) et la recherche participative (co-construction de nouveaux savoirs) sous prétexte que ces deux phénomènes possèdent un caractère commun, celui d’impliquer des citoyens non-chercheurs dans des processus de recherche scientifique.La recherche participative revendiquée par Sciences Citoyennes implique que les non-chercheurs collaborent avec les chercheurs académiques tout au long des projets de recherche, dès la formulation de la problématique jusqu’à l’analyse des résultats, leur valorisation et leur diffusion. Dans ce cadre, les savoirs des non-chercheurs sont reconnus comme étant aussi légitimes que les savoirs académiques pour aborder des questions de recherche qui tentent de répondre aux problèmes sociaux, environnementaux, économiques, tout en reconnaissant la spécificité des apports de chacun des acteurs.
  • Le rapport rendu en février 2016 n’aborde pas les « enjeux de gouvernance et d’orientation de la recherche ». Or, un véritablement renouvellement des relations Sciences-Société impose de reconnaître la compétence de la société civile à participer aux décisions sur les orientations nationales de la recherche. Si les pratiques de sciences participatives (collecte bénévole de données) ne remettent pas en cause le système dominant de la recherche scientifique, la recherche participative est une voie possible vers la démocratisation des sciences.

Ainsi, la recherche participative reconnaît aux organisations de la société civile non marchande la légitimité de participer à la définition des questions de recherche mais également à celle des politiques publiques en matière de recherche. Par la reconnaissance des savoirs de terrain, la recherche participative tente ainsi d’accroitre la pertinence sociale de la recherche scientifique pour qu’elle constitue un allié dans l’élaboration de solutions face aux problèmes socio-environnementaux complexes.

Lire le document adressé au Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sciences Citoyennes – Éclairage rapport Sciences participatives