
Dans le projet de loi de programmation de la recherche adopté le 23 septembre 2020 à l’Assemblée Nationale figure la proposition de « créer, à l’instar d’autres pays (Allemagne, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni) une dynamique d’actions ou un réseau « Science et médias » (…) pour développer les relations et permettre la mise en contact rapide entre journalistes et chercheurs, favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable et accroître l’apport d’éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands sujets actuels. »
Les intentions affichées paraissent louables en ces temps de crises multiples. Alors que les réseaux sociaux et les chaines d’information ont choisi, plutôt par appât du gain que par souci de fiabilité scientifique, leurs experts fétiches lors de la crise sanitaire en cours (le nom d’un chercheur infectiologue et professeur de microbiologie est mentionné près de 1000 fois par jour durant certaines journées du confinement de 2020[1]), la nécessité de penser la médiation scientifique paraît en effet très urgente.
Mais la solution de Centre Science et médias, proposée dans le texte de loi, sans qu’elle n’ait nullement été débattue, est-elle la bonne ? La référence dans le texte de loi aux exemples étrangers est particulièrement malvenue. Ainsi, une enquête fouillée[2] sur le Science Media Center au Royaume-Uni montre les processus de désinformation scientifique dont se rend coupable l’agence, au bénéfice, entre autres, de certains donateurs de l’agence, des entreprises comme Glaxo, AstraZeneca, Croplife.
Outre la manipulation de cette agence en particulier, la démarche de création d’un groupe d’experts garants de la « bonne science » montre la volonté encore forte d’instrumentaliser les discours et l’autorité scientifiques dans l’espace public, dans un contexte de dérégulation du champ de l’information scientifique et du démantèlement du journalisme scientifique[3]. Ces conceptions vont à l’encontre des sciences plurielles et des controverses publiques qui nous semblent devoir guider les débats avec les citoyens.
L’association Sciences Citoyennes s’empare de ce sujet et propose dans cette page différents supports de réflexion : écrits (onglet Propositions) et vidéos (onglet Vidéos), produits par Sciences Citoyennes sur les enjeux politiques de l’information scientifique. Cette page est encore en construction
[1] https://larevuedesmedias.ina.fr/coronavirus-etude-bilan-antenne-television-information-personnalites-femmes
[2] Les gardiens de la raison. S. Foucart, S. Horel, S. Laurens. Éditions La Découverte, septembre 2020. 368 pages.
[3] https://www.ajspi.com/vie-association/il-faut-cesser-les-attaques-contre-le-journalisme-scientifique/