Participants
Caspar de Bok, boutique de sciences Utrecht, Pays-Bas et coordinateur du réseau international des boutiques de sciences
Aimée Guintrand, professeur retraitée en sciences naturelles
Glen Millot, Fondation Sciences Citoyennes
Karine Varaldo, médiateur scientifique, ASTS
Djames Hellal, médiateur scientifique, Val-de-Marne (+ Festival de l’eau)
Franck Alary, médiateur scientifique, Val-de-Marne (+ Festival de l’eau)
Xavier Hagnerelle, consultant
Sophie Tocreau, ministère de la recherche
Renaud Debailly, thésard en sociologie
Gilles Frison, chercheur en physique
François Warlop, ingénieur agronomique, GRAB
Philippe Bourlitio, association « science et démocratie »
Marine Soichot, étudiante, boutique de sciences, ENS Cachan
Olivier Las Vergnas, Cité de la Santé
Claudia Neubauer, Fondation Sciences Citoyennes
ne pouvant pas participer mais intéressés :
Eric Seulliet, La fabrique du futur
Stéphane Masson, La fabrique du futur
Eric Raulet, INEXENS
Yveline Nicolas, Adéquations
Marie-Laure Moinet, journaliste scientifique
Robert Bianco
Jean-Pierre Caminade
Introduction dans la thématique
Les attitudes des citoyens à l’égard de la science sont très contrastées, ils mêlent confiance, espoir, craintes et désintérêt. Les attitudes des scientifiques et pouvoirs politiques envers les citoyens peuvent être décrites de la même façon. Le concept d’une « Science citoyenne » (citizens’ science) a été bien décrit par Alan Irwin en 1995 (1) (un autre livre bien intéressant et informatif est le livre de Richard Sclove (2)). De nouvelles initiatives telles que les conférences de citoyens, les ateliers-scénarios, les jurys de citoyens, les boutiques de sciences, les laboratoires indépendants, les ONG et autres expériences tentent d’instaurer un dialogue mutuel qui répond mieux aux demandes croissantes de la société civile fondées sur le souhait d’une meilleure maîtrise des sciences et technologies pour un monde socialement et écologiquement plus juste.
Les boutiques de sciences (3) sont une forme de réponse à ces demandes pour mettre la science à la disposition des communautés locales, des associations et ONGs. Les boutiques de sciences sont des organisations qui offrent à des groupes de citoyens un accès très peu cher aux connaissances et recherches scientifiques et technologiques afin qu’ils puissent améliorer leurs conditions sociales et environnementales. Les activités des boutiques de sciences sont basées sur le fait que des organisations de la société civile ont leurs propres besoins en terme de recherche, en plus des demandes de l’état et du marché. Les boutiques se veulent un outil démocratique dans la production des connaissances scientifiques et servent alors d’interface entre des groupes de citoyens (des organisations et associations à but non-lucratif, des collectifs, des syndicats…) et des institutions scientifiques (universités, instituts de recherches) pour satisfaire une demande croissante.
Les discussions
La première partie de la journée était consacrée à l’introduction au concept des boutiques de sciences et à l’histoire et au développement des boutiques dans le monde et en France (sachant qu’il y’en avaient seize au début des années 80). Les questions des participants qui n’étaient à grande partie pas familiers avec les boutiques de sciences touchaient surtout la légitimité des projets de la recherche citoyenne (le terme anglophone est « community based research ») et l’indépendance scientifique. Mais les participants – des médiateurs scientifiques, des chercheurs, des étudiants – proposaient également leurs expériences (par ex. des expériences participatives ou citoyennes en terme de mobilisations autour des projets locaux) et réflexions sur comment on peut réintégrer les boutiques de sciences en France. La discussion focalisait aussi la façon dont la thématique de « science et société » est approchée en France où le concept de la culture scientifique et technique reste toujours l’angle prédominant pour traiter ces questions.
L’exemple de la BS à l’ENS Cachan
Après trois ans de mobilisation d’étudiants pour la création de la boutique et pour l’accueil des premiers projets (en agriculture biologique – qualité des sols ; sur les OGM ; sur des troubles liés aux champs électromagnétiques, etc.), Cachan est malheureusement aujourd’hui arrivé à un point assez mort. Les étudiants engagés dans la boutique sont à grande partie à l’étranger et ils n’ont pas réussi à donner le relais à des nouveaux arrivants. De plus, le soutien de l’administration de l’école et des chercheurs semble limité ce qui fait que la boutique reste une organisation d’étudiants volontaires avec le gros problème de sa pérennisation.
Mais Cachan n’est pas une exception dans le contexte français. Comme déjà dans les années 80, il sera probablement difficile d’activer les universités françaises pour l’idée. Du côté des autorités locales on pourrait éventuellement s’attendre à une plus grande ouverture. Ainsi le Conseil Régional Ile-de-France a lancé en 2005 un nouveau dispositif financier pour soutenir des projets de recherche communs entre laboratoires académiques ou universitaires et associations à but non lucratif (PICRI = partenariats institutions et citoyens pour la recherche et l’innovation ; le deuxième appel a été lancé en janvier 2006). D’autres régions reprendront éventuellement ce programme.
L’après-midi nous avons surtout discuté les problèmes que rencontre actuellement la boutique à l’ENS de Cachan et son implication dans TRAMS. Comment donc réactiver la vie de la boutique ? Marine Soichot fera un appel aux étudiants. Et il faut dans un premier temps surtout répondre à l’appel d’offre « emplois tremplins » du Conseil Régional afin d’avoir une personne à temps plein pour la boutique.
François Warlop du GRAB (Groupe de recherche en agriculture biologique, Avignon) est partant pour créer une boutique dans le Sud de la France (à Avignon ou Montpellier). Concernant son projet, l’idée principale est d’essayer d’intégrer, dans le cadre d’un stage, des étudiants de l’ENSAM (Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier) dans un projet d’étude sur la faisabilité d’implanter des boutiques de sciences dans le Sud de la France.
(suite à cette réunion, le projet a été présenté à la responsable qui a bien accueilli l’idée de sensibiliser les étudiants à l’approche Science & Société).
Olivier Las Vergnas nous a présenté La Cité de la Santé qu’il a montée depuis quelque temps à la Cité des Sciences. La Cité de la Santé se veut une sorte de ’boutique de sciences individualisée’ pour des questions de santé. Elle pourrait servir comme un lien entre des questions de citoyens (mais pas au niveau individuel mais par exemple au niveau de clusters de questions fréquentes) et une boutique de sciences.
Conclusion principale :
Afin de créer une masse critique il sera peut-être utile de réunir tous les efforts et de créer une boutique de sciences Ile-de-France. On explorera plus cette idée dans les mois qui viennent (créer une association de loi 1901 ?, demander un emplois tremplin ?, avoir dans le bureau/CA des membres qui viendront de différentes universités, écoles, associations, du gouvernement local ?, de la Cité de la santé ?)
La suite :
Nous avons convenu de continuer notre échange via le forum électronique bds-france@sciencescitoyennes.org.
Nous nous sommes mis d’accord sur une deuxième rencontre en automne 2006 en essayant d’associer des universitaires, des anciens boutiquaires français, des politiques.
Et last but not least :
Tous : merci beaucoup pour vos remarques sur la rencontre et le compte rendu (si j’ai oublié qqch), merci aussi pour des idées, des expériences, des personnes éventuellement intéressées et donc à contacter
Olivier, as-tu une description de ton expérience de la Cité de la Santé ?
Renaud, si tu as des idées, des commentaires ou des informations en tant que chercheurs qui travaille SUR les bds, n’hésite pas
François, si tu peux présenter un peu plus ton idée de stage et nous dire où est-ce que tu en es
Karine, les expériences dont tu parlais ?
(1) Irwin, A. (1995) Citizen Science – A Study of people, expertise and sustainable development. London and New York.
(2) Richard Sclove Democracy and Technology, 1995. Traduit en français en 2003 : Choix technologique, choix de société, Editions Charles Léopold Mayer
(3) voir aussi : https://sciencescitoyennes.org/article.php3 ?id_article=122 « L’expertise et la recherche associative et citoyenne en France »