Revue de presse printanière sur l’usage des pesticides

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jeudi 24 mars 2016

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En ce début de printemps 2016, l’impact sanitaire et environnemental de l’utilisation des pesticides est à nouveau d’actualité. Cette période est, en effet, marquée par la reprise de leurs épandages. Depuis plusieurs années les médias français pointent du doigt l’Espagne comme le plus mauvais élèves en Europe en matière de traitements de ses cultures avec des produits phytosanitaires (pesticides notamment). Les consommateurs français ont ainsi l’illusion que dans l’hexagone les cultures sont plus saines que chez nos voisins espagnols. Le terme d’agriculture raisonnée, dont l’objectif est d’optimiser le résultat économique en maitrisant les quantités d’intrants, (mais en ne précisant rien sur le niveau de traitement à utiliser) ajoute de la confusion sur le sujet dans l’esprit des consommateurs.

Toutefois, les chiffres parlent d’eux mêmes. Le 8 mars dernier, le ministère de l’Agriculture a fait paraître un communiqué révélant qu’au niveau national, le recours aux produits phytosanitaires a augmenté de 5,8% entre la période 2011-2013 et la période 2012-2014 et de 9,4% entre 2013 et 2014 (1).

Ces statistiques du ministère montrent bien que loin de l’image véhiculée par la grande majorité des médias, l’agriculture française n’a absolument pas de quoi pavoiser face à sa voisine espagnole si décriée. Le propos ici n’est pas de comparer les mauvaises pratiques des pays européens en matière d’utilisation d’intrants mais plutôt de faire prendre conscience que le discours (ou l’absence de discours) le plus souvent rassurant et minimisant les quantités croissantes de pesticides utilisées en France est loin de refléter la réalité.

Ce début de printemps est également l’occasion de découvrir des solutions alternatives aux pesticides, avec la 11e édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides 2016 du 20 au 30 Mars 2016, organisée par Générations futures. Coïncidence ou volonté de profiter de cette actualité, l’INRA publie une étude sur les coûts cachés (2) (environnementaux, sanitaires, réglementaires et frais d’évitement) de l’utilisation de ces produits. Cette étude mentionnée dans l’article de Stéphane Foucart du 19 mars 2016 (3) met en avant le rapport défavorable des coûts/bénéfices induit par l’utilisation de pesticides.

Au vu des rapports et des statistiques, publiés ces dernières années et dévoilant l’impact négatif de l’utilisation de pesticides au niveau sanitaire, environnemental mais également sur le point historiquement mis en avant par leurs adeptes, les rendements, il est légitime de se poser la question : Doit-on continuer à accepter et soutenir l’utilisation des pesticides qui après des années de pratiques ont un impact dangereux et n’ont rien apporté de positif si ce n’est de contribuer à enrichir les secteurs de l’agrochimie et des biotechnologies ?

Nathalie Seyssel – Valtorta

(1) agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/160308_cp_resultats-ecophyto2014.pdf

(2) « Et si les pesticides coûtaient plus qu’ils ne rapportent ? » Stéphane Foucart, Le Monde, 19 mars 2016.

(3) « The Hidden and External Costs of Pesticide Use », Denis  Bourguet  et  Thomas  Guillemaud (INRA), Sustainable Agriculture Reviews, 2016.