Les frites participatives de Bruxelles sont réchauffées à l’huile d’arnaque

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mardi 19 février 2013

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Merci à JB. Simian, agriculteur, qui nous informe à propos de deux consultations successives des instances européennes. Nous avions relayé la dernière (janvier 2013), portant sur le Réexamen de la politique européenne relative à l’agriculture biologique sans l’analyse critique nécessaire, pourtant éclairée par le bilan de la précédente (août 2012) sur un thème proche : De l’agriculteur au consommateur, quelle politique agricole et alimentaire commune ?


L’enquête de 2012 avait reçu 65 000 réponses mais n’a eu aucune suite. Interrogé par JB. Simian en octobre, Dimitri Lemaire, de la Commission participation citoyenne du Parlement en donne une analyse savoureuse autant que désespérante (version audio, transcription de la conversation). Ce questionnaire devait précéder une conférence de consensus européenne mais devant l’abondance des réponses et surtout leur nature (la majorité provenait de Français partisans du bio…) les responsables à Bruxelles « se sont inquiétés »… et ont interdit la poursuite du processus, empêchant même la publication de ces réponses ! On ne voit pas en quoi le sort de la récente consultation serait différent d’autant que dans le préambule il est dit  que « la Commission européenne publiera les résultats sur son site web » mais aussi que « les réponses ne seront pas rendues publiques »… Peu importe puisqu’ il s’agit « seulement d’une consultation… qui ne préjuge en rien des positions de la Commission… ».

Combien de citoyens vont continuer de se laisser manipuler par ces leurres qui se font passer pour de la participation alors que les décideurs n’ont que faire des réponses ? Surtout il est navrant de constater l’amateurisme de Bruxelles en matière de « participation citoyenne » (questions absurdes, réponses multiples d’un même internaute,…) culminant dans la procédure aberrante de conférence de consensus qui était prévue en septembre 2012 et semble désormais interdite (on se demande bien pourquoi !). Grâce aux réponses au questionnaire on (qui ?) aurait choisi (comment ?) 27 citoyens (1 par pays) parmi 65 000. Une formation sur la PAC assurée par une chercheuse de l’INRA et 2 experts aux points de vue différents aurait précédé deux jours de débats (dans toutes les langues…) afin d’obtenir des « recommandations consensuelles ». Outre la recherche absurde d’un consensus plutôt que mesurer les dissensus, ce processus boiteux, très coûteux et incapable de conduire à des avis indépendants, éclairés et représentatifs, démontre l’amateurisme de nos dirigeants. Ou plutôt leur mépris de ce que serait une procédure démocratique. D. Lemaire indique qu’« il y a une méthode rigoureuse qui sort de la Sorbonne ( ???)… mais  qu’il est  impossible de l’adapter à 27 langues ». Nous sommes disponibles pour indiquer au Parlement européen une solution claire, rationnelle et démocratique qui conviendrait parfaitement à résoudre cette question, et bien d’autres : organiser une convention de citoyens (voir définition sur ce site) dans chaque pays européen, en respectant bien sûr l’intégrité du  protocole. Mais cette proposition ne vaut que si le Parlement envisage de tenir compte de l’avis des citoyens, loin de sa stratégie méprisante pour les amuser avec des consultations mal foutues et avortées !