L’auteur de la découverte de la contamination génétique du maïs mexicain déplore le manque de recherche sur les risques des OGM

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lundi 3 septembre 2007

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Vendredi, lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de la troisième conférence internationale « Savoirs Vivants », à Paris, le Professeur Ignacio Chapela de l’Université de Californie à Berkeley aux Etats-Unis s’est exprimé sur le problème de la contamination génétique par des OGM (organismes génétiquement modifiés).« A partir des éléments scientifiques auxquels j’ai accès, je peux affirmer que la contamination génétique des variétés de maïs indigènes dans la région d’Oaxaca est toujours présente », a indiqué Chapela. « Mais il est devenu extrêmement difficile pour les scientifiques de travailler sur ce problème de la contamination génétique par des OGM, et de trouver des financements pour mener de telles recherches. »

« C’est pour cela que des évènements comme la conférence « Savoirs Vivants » sont importants. Les citoyens doivent se mobiliser pour protéger un espace où la science puisse être vraiment libre, libre des intérêts industriels et libre de poser les bonnes questions. »

« Pour contrebalancer l’influence de l’industrie sur la science, les scientifiques ont besoin d’établir des partenariats de recherche avec la société civile. Des outils existent pour établir de tels partenariats, fondamentaux pour l’intérêt général, il suffit d’avoir la volonté politique de les mettre en place. »

« Aux Etats-Unis, nous avons tout simplement perdu notre science, que nous avons troquée contre une simple capacité technique à produire des technologies brevetables. »

Interrogé à propos de la situation française sur les OGM, Chapela a déclaré : « La « coexistence » est impossible. En tant que biologiste, on sait que la contamination de l’agriculture conventionnelle et biologique par des OGM est inévitable, c’est seulement une question de temps. Le concept de « coexistence » est un cheval de Troie, son seul but est de faire porter la responsabilité juridique et financière de la contamination génétique sur les agriculteurs individuels plutôt que sur l’Etat. »

Ignacio Chapela a également indiqué qu’il travaillait actuellement sur une nouvelle méthode de détection des OGM : « Il y a un besoin urgent d’une méthode de détection des OGM peu coûteuse, qui puisse être utilisée par n’importe qui, n’importe où dans le monde. »

Ignacio Chapela est Professeur associé d’Ecologie Microbienne à l’Université de Californie, à Berkeley aux Etats-Unis. Il est devenu célèbre suite à la découverte en 2001 de la contamination de variétés indigènes de maïs par des OGM sur le plateau d’Oaxaca, au Mexique, le centre d’origine et de diversité de cette espèce importante pour l’alimentation, et pour s’être opposé à la privatisation de l’université publique aux Etats-Unis.

La conférence internationale « Savoirs Vivants » s’est tenue du 30 août au 1er septembre à l’Ecole des Mines à Paris. 300 chercheurs et représentants associatifs se sont exprimés en faveur d’une nouvelle gouvernance de la science, qui reconnaisse la place de la société civile comme « tiers-secteur scientifique », et qui prenne en compte les intérêts et les aspirations de la société.

La conférence « Savoirs Vivants » était organisée par la Fondation Sciences Citoyennes, le réseau international des boutiques des sciences (International Science Shops Network, ISSNET), le réseau international des ingénieurs et scientifiques pour la responsabilité mondiale (International Network of Engineers and Scientists for global responsibility, INES), le Centre de Sociologie de l’Innovation de l’Ecole des Mines (CSI) et l’Unité des Transformations sociales et politiques liées au vivant de l’INRA (TSV).

Le programme complet de la conférence « Savoirs Vivants » est disponible sur :
https://sciencescitoyennes.org/category/tiers-secteur-scientifique/living-knowledge-conference-sur-la-recherche-citoyenne/4

Pour plus d’informations :
Eric Gall, Fondation Sciences Citoyennes, 01 43 14 73 65 ou 06 17 64 14 28