Alarme climatique : pas de fausses solutions ! Marchons pour le climat le 8 décembre 2018 !

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lundi 26 novembre 2018

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climate alarmLe 8 décembre prochain se tiendra une marche mondiale pour le climat. Elle mobilisera autour du monde les défenseurs d’une justice climatique et sociale soucieux du devenir de la planète et de l’humanité mais aussi et surtout de l’urgence à agir. Une urgence qui n’a rien de rhétorique puisqu’elle est confirmée et soulignée par le récent Rapport spécial du GIEC.

L’association Sciences Citoyennes s’est intéressée depuis plusieurs années aux techniques de manipulation du climat à grande échelle, la géo-ingénierie et a ainsi apporté sa contribution spécifique aux larges mobilisations du mouvement social et environnemental rassemblé depuis 2015 sous l’étendard de la Coalition Climat 21. Au cours de ces dernières années, les considérations autour de la géo-ingénierie ont sensiblement évolué. Dans le rapport publié en 2014 par le GIEC, ces techniques faisaient leur apparition sous la forme d’un plan B laissant entrevoir une place pour les apprentis sorciers du climat. Si le récent rapport du GIEC a écarté l’usage de techniques inquiétantes liées à la gestion du rayonnement solaire, il laisse néanmoins une place considérable aux « technologies à émissions négatives », un oxymore regroupant des techniques variées de captations du CO2  et présentes dans 4 scénarios sur 5 envisagés par les experts.

Le recours massif à des technologies à émissions négatives aurait des répercussions certaines et, à coup sûr, inégalitaires à différents endroits de la planète, que ce soit sur l’usage des sols, la production alimentaire ou la biodiversité. Le dernier rapport du GIEC ne manque d’ailleurs pas de le souligner. Il faut néanmoins nous demander pourquoi ces solutions technologiques incertaines sont précisément celles envisagées dans les modèles climatiques au détriment de solutions plus justes, notamment la réduction des émissions de gaz à effets de serre, dont la moitié est imputable aux 10% les plus riches de la population mondiale.

Mettre en avant des solutions relevant du bricolage technologique inégalitaire plutôt qu’attaquer la cause du problème climatique (le recours massif aux énergies fossiles) représente un jeu dangereux dans un contexte mondial où apparaissent des dirigeants jouant les imprécateurs et faisant souvent fi des résultats scientifiques. Les doubles discours conférant à la perversion intellectuelle pour ne pas dire à la bêtise pure et simple pullulent.

Quelques exemples parmi de nombreux autres… La facilité incline à évoquer en premier lieu Donald Trump, président états-unien ouvertement climatosceptique qui nie publiquement l’évidence climatique en s’appuyant sur des lobbies technoscientifiques, industriels et financiers pour relancer l’extraction des énergies fossiles. Et qui préfère, dans le cas des incendies dévastateurs et meurtriers de Californie, faire porter le chapeau à l’État de Californie au prétexte qu’il n’avait pas fait débroussailler les forêts… en omettant de dire que le débroussaillage était régulé par une législation fédérale, et donc l’administration Trump elle-même ! Sa doublure brésilienne récemment élue, Jair Bolsonaro, qui semble user des mêmes travers, n’est pas moins dangereuse : la forêt amazonienne, qui joue un rôle considérable dans la régulation du climat planétaire, couvre une bonne partie de son pays et tout semble à croire qu’il ne fera rien pour la défendre des appétits des acteurs de l’agrobusiness.

La France n’est malheureusement pas épargnée par la versatilité des décideurs en matière d’engagements climatiques. Le président Emmanuel Macron, usant de son masque de quarantenaire impétueux en prise avec les réalités du monde, avait clamé devant micros et caméras quelques semaines après son élection et alors que Donald Trump venait d’annoncer le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat une punchline bien sentie « Make Our Planet Great Again » (en réponse au slogan de campagne de Donald Trump « Make America Great Again »). Cette saillie laissait entrevoir un espoir chez ce président dont on pouvait encore croire à l’époque – pour les plus optimistes – qu’il serait d’un genre nouveau. Cet écran de fumée, doublé de quelques discours sur la scène internationale, lui a même valu le titre de Champion de la Terre en septembre 2018 remis par le Programme des nations unies pour l’environnement. Pourtant quand nous regardons d’un peu plus près ce qu’il en est concrètement, nous observons que la France, qui comme la grande majorité des États avait pris des engagements minimalistes lors de l’Accord de Paris, est bien loin de les respecter. Au contraire : elle a soutenu le CETA, traité de libre-échange avec le Canada allant à l’encontre de la préservation de l’environnement ; elle a supprimé les aides au maintien des agriculteurs biologiques ; elle a accordé des passe-droits aux groupes pétroliers pour exploiter les hydrocarbures pendant encore des dizaines d’années ; elle a repoussé l’objectif de réduction importante du nucléaire, retardant de fait la transition vers les énergies renouvelables ; elle a autorisé Total, par arrêté préfectoral, à débuter ses explorations pétrolières dans les eaux territoriales de la Guyane ; elle a nommé au ministère de la Transition écologique et solidaire une lobbyiste d’un des plus grand pollueur de la planète pour son utilisation de matières plastiques… Des actes bien éloignés des discours qui laissent un sentiment de « après moi le déluge » ô combien irresponsable et délétère.

Face au marasme, à la vision croissantiste et à courte de vue de dirigeants sous influence directe des multinationales, la réponse viendra des citoyennes, des citoyens et des « sans » du monde entier (sans-voix, sans-papiers, sans-terres…) mobilisés et responsables, prêts à modifier leurs propres comportements et à faire plier les gouvernements et les entreprises pour qu’enfin nous avancions enfin conjointement vers une transition écologique et sociale durable.

Pour toutes ces raisons et de nombreuses autres, Sciences Citoyennes s’associe à la marche mondiale pour le climat du 8 décembre 2018 et au mouvement #IlEstEncoreTemps, et invite ses adhérent.e.s et sympathisant.e.s à rejoindre ce mouvement et les rassemblements qui seront organisés dans toute la France.