Un débat pour remarier science et société

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mardi 26 octobre 2004

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Le débat public est ouvert depuis ce week-end et pour trois mois. Il a été lancé sur l’Internet (1) par la fondation Sciences citoyennes et a pour ambition d’aborder un sujet générateur d’inquiétudes et de polémiques : la santé environnementale. « Cette thématique au coeur de nos contradictions illustre bien le débat croissant entre science et société », estime André Cicolella, chercheur, chimiste de formation et président de Sciences citoyennes.

La fondation, qui regroupe des scientifiques, des juristes et des associations, s’est justement créée en 2002 sur le constat de divorce entre science et société, et « sur la nécessité de trouver un nouveau contrat », rappelle André Cicolella. Le but de l’association est aussi de soutenir la liberté d’expression dans le monde scientifique et d’appuyer les lanceurs d’alerte. « On a longtemps vécu sur un modèle qui remonte aux Lumières, selon lequel les progrès de la société étaient forcément liés aux progrès de la science. Le modèle est aujourd’hui en crise, constate André Cicolella, car la société a réalisé que la science ne peut maîtriser toutes les conséquences des progrès qu’elle génère. Des exemples ? Tchernobyl, l’amiante, énorme catastrophe sanitaire, ou encore l’incidence des cancers autour des incinérateurs… » En ouvrant le débat sur le Net, Sciences citoyennes veut donc impliquer les citoyens dans des discussions et des processus jusque-là réservés au triangle « scientifiques, industriels et pouvoirs publics ».

Soutenu par le conseil régional d’Ile-de-France, le débat est ouvert à tous les citoyens, pour « leur permettre de confronter leurs points de vue à ceux des experts, des acteurs associatifs et des acteurs institutionnels ». La santé environnementale est abordée sous trois aspects : la recherche-formation-éducation ; la place des citoyens ; la nature des politiques publiques. Trois chapitres qui seront repris dans trois forums régionaux.

Fin janvier 2005, les conclusions du débat seront rédigées par les organisateurs, Sciences citoyennes, et la société Sopinspace, créatrice du site web, qui espèrent ainsi donner du grain à moudre aux pouvoirs publics pour une meilleure prise en compte des facteurs de risques environnementaux.

Eliane PATRIARCA