Se fédérer

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mercredi 17 juin 2020

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Sciences Citoyennes a rejoint l’appel « Se fédérer » aux côtés de nombreux individus et collectifs. 

Nous sommes nombreuses, nous sommes nombreux : nous sommes tant et tant à penser et éprouver que ce système a fait son temps. Mais nos voix sont dispersées, nos appels cloisonnés, nos pratiques émiettées. Au point que quelquefois nous doutons de nos forces, nous succombons à la détresse de l’impuissance. Certes, parfois cette diffraction a du bon, loin des centralisations et, évidemment, loin des alignements. Il n’empêche : nous avons besoin de nous fédérer.

Sans doute plus que jamais au moment où une crise économique, sociale et politique commence de verser sa violence sans faux-semblant : gigantesque et brutale. Si « nous sommes en guerre », c’est bien en guerre sociale. D’ores et déjà les attaques s’abattent, implacables : le chantage à l’emploi, la mise en cause des libertés et des droits, les mensonges et la violence d’État, les intimidations, la répression policière, en particulier dans les quartiers populaires, la surveillance généralisée, la condescendance de classe, les discriminations racistes, les pires indignités faites aux pauvres, aux plus fragiles, aux exilé-es. Pour une partie croissante de la population, les conditions de logement, de santé, d’alimentation, parfois tout simplement de subsistance, sont catastrophiques. Il est plus que temps de retourner le stigmate contre tous les mauvais classements. Ce qui est « extrême », ce sont bien les inégalités vertigineuses, que la crise creuse encore davantage. Ce qui est « extrême », c’est cette violence. Dans ce système, nos vies vaudront toujours moins que leurs profits.

Nous n’avons plus peur des mots pour désigner la réalité de ce qui opprime nos sociétés. Pendant des décennies, « capitalisme » était devenu un mot tabou, renvoyé à une injonction sans alternative, aussi évident que l’air respiré – un air lui-même de plus en plus infecté. Nous mesurons désormais que le capitalocène est bien une ère, destructrice et mortifère, une ère d’atteintes mortelles faites à la Terre et au vivant. L’enjeu ne se loge pas seulement dans un néolibéralisme qu’il faudrait combattre tout en revenant à un capitalisme plus « acceptable », « vert », « social » ou « réformé ». Féroce, le capitalisme ne peut pas être maîtrisé, amendé ou bonifié. Tel un vampire ou un trou noir, il peut tout aspirer. Il n’a pas de morale ; il ne connaît que l’égoïsme et l’autorité ; il n’a pas d’autre principe que celui du profit. Cette logique dévoratrice est cynique et meurtrière, comme l’est tout productivisme effréné. Se fédérer, c’est répondre à cette logique par le collectif, en faire la démonstration par le nombre et assumer une opposition au capitalisme, sans imaginer un seul instant qu’on pourrait passer avec lui des compromis.

Mais nous ne sommes pas seulement, et pas d’abord, des « anti ». Si nous n’avons pas de projet clé en mains, nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à théoriser, penser mais aussi pratiquer des alternatives crédibles et tangibles pour des vies humaines. Nous avons besoin de les mettre en commun. C’est là d’ailleurs ce qui unit ces expériences et ces espérances : les biens communs fondés non sur la possession mais sur l’usage, la justice sociale et l’égale dignité. Les communs sont des ressources et des biens, des actions collectives et des formes de vie. Ils permettent d’aspirer à une vie bonne, en changeant les critères de référence : non plus le marché mais le partage, non plus la concurrence mais la solidarité, non plus la compétition mais le commun. Ces propositions sont solides. Elles offrent de concevoir un monde différent, débarrassé de la course au profit, du temps rentable et des rapports marchands. Il est plus que jamais nécessaire et précieux de les partager, les discuter et les diffuser.

Nous savons encore que cela ne suffira pas : nous avons conscience que la puissance du capital ne laissera jamais s’organiser paisiblement une force collective qui lui est contraire. Nous connaissons la nécessité de l’affrontement. Il est d’autant plus impérieux de nous organiser, de tisser des liens et des solidarités tout aussi bien locales qu’internationales, et de faire de l’auto-organisation comme de l’autonomie de nos actions un principe actif, une patiente et tenace collecte de forces. Cela suppose de populariser toutes les formes de démocratie vraie : brigades de solidarité telles qu’elles se sont multipliées dans les quartiers populaires, assemblées, coopératives intégrales, comités d’action et de décision sur nos lieux de travail et de vie, zones à défendre, communes libres et communaux, communautés critiques, socialisation des moyens de production, des services et des biens… Aujourd’hui les personnels soignants appellent à un mouvement populaire. La perspective est aussi puissante qu’élémentaire : celles et ceux qui travaillent quotidiennement à soigner sont les mieux à même d’établir, avec les collectifs d’usagers et les malades, les besoins quant à la santé publique, sans les managers et experts autoproclamés. L’idée est généralisable. Nous avons légitimité et capacité à décider de nos vies – à décider de ce dont nous avons besoin : l’auto-organisation comme manière de prendre nos affaires en mains. Et la fédération comme contre-pouvoir.

Nous n’avons pas le fétichisme du passé. Mais nous nous souvenons de ce qu’étaient les Fédérés, celles et ceux qui ont voulu, vraiment, changer la vie, lui donner sens et force sous la Commune de Paris. Leurs mouvements, leurs cultures, leurs convictions étaient divers, républicains, marxistes, libertaires et parfois tout cela à la fois. Mais leur courage était le même – et leur « salut commun ». Comme elles et comme eux, nous avons des divergences. Mais comme elles et comme eux, face à l’urgence et à sa gravité, nous pouvons les dépasser, ne pas reconduire d’éternels clivages et faire commune. Une coopérative d’élaborations, d’initiatives et d’actions donnerait plus de puissance à nos pratiques mises en partage. Coordination informelle ou force structurée ? Ce sera à nous d’en décider. Face au discours dominant, aussi insidieux que tentaculaire, nous avons besoin de nous allier, sinon pour le faire taire, du moins pour le contrer. Besoin de nous fédérer pour mettre en pratique une alternative concrète et qui donne à espérer.

Dès que nous aurons rassemblé de premières forces, nous organiserons une rencontre dont nous déciderons évidemment ensemble les modalités.

Pour rejoindre cet appel : appelsefederer@riseup.net 

Site internet :http://sefederer.mystrikingly.com/ 

Qui sommes-nous?

Nous sommes infirmière, cheminot, métallo, maréchal-ferrant, monteuse,
chercheur en informatique sans emploi, ouvrier ajusteur, paysan,
postier, inspectrice du travail, ingénieur, professeur, ébéniste,
travailleur précaire, éleveur-berger, assistante sociale, animatrice,
éducateur, écrivain public, poète, enseignante, chômeur, cinéaste,
retraité, interprète, photographe, journaliste, intermittent du
spectacle, technicien dans l’aéronautique, astrophysicien, travailleur
sous contrat de l’État, directeur de théâtre, metteuse en scène,
anthropologue, apicultrice, retraité de la Sécurité sociale, développeur
web, directrice de centre d’art, archéologue, architecte, géographe,
employée dans les assurances, ouvrier dans la conception mécanique,
éditeur, automaticien, organisateur de communautés, plasticienne,
psychiatre, sociologue, documentaliste, accompagnateur en montagne,
formatrice, conseillère pédagogique, conseillère syndicale, comédienne,
responsable d’association, designer, pasteur et théologien, militant de
l’accueil des migrants, cadre associatif, enseignant-chercheur,
principale de collège,  environnementaliste, professeure des écoles,
statisticien, pilote de ligne, graphiste, informaticienne, médecin,
ethnomédecin, formateur, conseillère syndicale, producteur de films,
artiste précaire, linguiste, travailleur social, essayiste, ingénieur de
recherche, contractuel, philosophe, téléconseiller, socioéconomiste,
chef de projet multimédias, étudiante, compositeur, psychologue,
pédagogue, psychanalyste, gestionnaire de contrats, réalisatrice radio,
coopérateur, facilitateur, kinésithérapeute en CAMSP (centre d’action
médico-social précoce), chargé de recherche, auteure & éditrice
retraité de l’enseignement spécialisé, co-créateur du festival de la BD
Engagée (49), producteur  de reportages dessinés, co-créateur d’un
espace culturel à Cholet, slameur amateur, musicien-compositeur, artiste
plasticien, photographe, dessinateur, éleveur de brebis, professeur des
universités, praticien hospitalier, jardinier, professeure retraitée,
éleveur de volailles bio, plasticienne, ancien enseignant précaire et
chômeur-philosophe, grimpeur-élagueur, hydrographe, artiste plasticien,
paramétreur, ancien PDG retraité, fabricante dans l’édition,
facilitateur, bibliothécaire, , psychologue clinicienne, chercheur en
archéologie retraité, graphiste/monteur vidéo, professeur de philosophie
à la retraite, fonctionnaire d’un organisme para-public, traductrice,
écrivain, journaliste météorologue, plongeur, attaché de presse,
administrateur systèmes, architecte retraité, sociologue clinicien,
retraité ancien secrétaire général adjoint en charge de l’organisation
au conseil général de l’Essonne, critique d’art, chercheur en sciences
sociales, médecin généraliste…

Nous habitons Arcachon (33), Ariège (09), les Alpes-Maritimes (06),
Aix-en-Provence (13), Albertville (73), Alfortville (94), Ambert (63),
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Aubervilliers (93), Auterive (31), Auxerre (89), Avignon (84), Bagnères
de Bigorre (65), Batukau (Bali), Bègles (33), Berlin (Allemagne),
Besançon (25), Bl0ois (41), Bois-Colombes (92), Bordeaux (33), Brest
(29),Bruxelles (Belgique), Calvisson (30), Cayenne (97), Cergy (95),
Chambéry (73), Chartres-de-Bretagne (35), Chatres-sur-Cher (41), Cholet
(49), Chouzelot (25) Clamart (92),  Clichy (92), Conteville (27), Cossé
le Vivien (53), Cotonou (Bénin), Courtry (77), Créteil (94), Diois (26),
Dunkerque (59),Doubs (25), Dourgne (81), Endoufielle (38), Fécamp (76),
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Gap (05), Garrevaques (81), Genève (Suisse), Gennevilliers (92),
Gujan-Mestras(33), Grabels (34), Grenoble (38), Ivry-sur-Seine (94), La
Barque (13), La Bâtie-Neuve (05), La Clotte (17),L’Aigle (61), La Roche
sur Yon (85), La Rochelle(17), Le Havre (76), Le Perreux (94), Le
Plessis Robinson (92), Les Lilas (93), Les Matelles (34), Les Ulis (91),
L’Île Saint-Denis (93), Liouville (55), Lyon (69), Marseille (13),
Martigues (13), Metz (57), Monceau-les-Mines, Montbrison (42), Montespan
(31), Montigny-lès-Cormeilles (95), Montpellier (34), Montpellier (34),
Montréal (Canada), Montreuil (93), Mordelles (35), Mulhouse (68), Nancy
(54), Nantes (44), Nîmes (30) Orléans (45), Paris (75), Piémont Cévenol
(30/34), Plateau des Petites-Roches (38), Poitiers (86), Pontarlier
(25), Pontoise (95), Porte-de-Savoie (73), Port-Louis
(56),Pyrénées-Atlantiques (64), Régnié-Durette (69), Rennes (35), Roanne
(42), Rouen (76), Rouillé (86), Saint-Affrique (12), St Barthélémy
d’Anjou (49), Saint-Cosme-en-Vairais (72), Saint-Denis (93),
Saint-Denis-de-la-Réunion (97), Saint-Étienne (42), Saint-Étienne du
Rouvray (76), Saint-Germain-du-Plain (71) Saint-Leu (974) Saint Lizier
(09), Saint-Pierre-du-P (91), Saint-Mard (17), Saint-Maurice-Navacelles
(34), Saint-Michel sur Orge (91) Sanary-sur-Mer (83), Senlis (60),
Strasbourg (67), Thionville (57), Toulouse (31), Tours (37), Trappes
(78), Trets (13), Valence (26), Vanves (92), Veynes (05),
Vigneux-sur-Seine (91), Villaz (74), Villejuif (94), Villeneuve d’Ascq
(59),  Villeneuve Les Avignon (30) Villeneuve
-les-Sablons(60),Villeneuve-Saint-Georges (94), Viry-Chatillon (91),
Vitry-sur-Seine (94), Xermaménil (54), Yutz (57), Pontoise
(95),Chichilianne (38), Paris, Paris, Moissy-Cramayel (77),

Nous nous engageons dans des associations, collectifs, organisations et
syndicats divers : parmi bien d’autres, Accorderie de Surgères, Agir
pour l’Environnement, Alternatiba, Alternatives et Autogestion, AMAP
Court-circuit, Amnesty International, ANV-COP 21, Association des
Communistes Unitaires, Association Salaire à vie, Atelier Constituant
des Bâtisseurs Jaunes, ATTAC, L’Aventure citoyenne, Bas les masques,
BDS, Belleville en Commun, Big Bang, Bloquons Blanquer, CAC de Surgères,
CAC La Traverse, Carnets de la Décroissance, Cerises la coopérative,
CGT, Changer de Cap, Coalition pour l’habitat léger, Collectif contre
les Grands Projets Inutiles, Collectif Gilets jaunes enseignement
recherche, Collectif d’Échanges Citoyens du Pays d’Aix, Collect’IF
Paille, Collectif Lettres Vives, Collectif universitaire contre les
violences policières, Collectifs AESH, Collectif Migrants Comminges,
Commune Thomas Münzer du Mouvement du Christianisme social, Comité
National de Résistance et de Reconquête, Comité Place des Fêtes,
Croix-Rouge Internationale, DécidonsParis, Décidons tous de notre ville,
Décoloniser les arts, DionyCoop, Ecorev’ – Revue critique d’écologie
politique, Éducation populaire & transformation sociale, Ensemble!,
Europe solidaire sans frontière, Extinction Rébellion, Faire commune,
Femmes Plurielles, Les Filmeurs, Fondation Copernic, Foyer ruraux,
France Amérique Latine, France Insoumise, HUMANITRAD, ICEM-Pédagogie
Freinet, Ifaw, Gilets jaunes, Greenpeace, Groupe de recherche pour une
stratégie économique alternative (GRESEA), Ligue des droits de l’homme
LDH, LPO, MJC, Le Monde d’Après, Mouvement de la Paix MRAP,
Nature&Progrès, Ni guerres ni état de guerre, Nouveau Parti
Anticapitaliste NPA, Observatoire Toulousain des Pratiques Policières,
Pour une écologie populaire et sociale PEPS, Pontoise à Gauche Vraiment,
Questions de classe(s), REC –Reporters en colère, Réseau féministe,
Rosmerta (lieu d’accueil pour migrants), RUPTURES, Réseau salariat,
Sciences Citoyennes, SNESUP-FSU, Snéad-CGT (Syndicat national des écoles
d’art et design), SNJ-CGT, SNUipp-FSU, Solidaires étudiant-e-s,
Sous-marins jaunes, SOS Villages d’Enfants, Stop Mine Salau Stop
nucléaire, Les stylos rouges, SUD Culture, SUD Aérien, SUD Éducation,
SUD Industrie, SUD PTT, SUD Rail, S’unir à Saint-Pierre, SNES, Syndicat
des Quartiers Populaires de Marseille, Union communiste libertaire,
Union syndicale Solidaires, Unité Communiste Lyon, Union juive française
pour la paix, Union pacifiste, Wesign.it, Zone de solidarité populaire
ZSP 18°…(et tout cela n’est pas exhaustif !)