En votant à l’unanimité le 12 Octobre dernier l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires, les députés français ont édicté la première loi de ce genre au monde. Après avoir voté en mai dernier l’interdiction des phtalates, des alkylphénols et des parabènes, ils ont confirmé qu’ils avaient pris la pleine mesure de la question des perturbateurs endocriniens. L’ANSES a, elle aussi, pris en compte le changement de paradigme des perturbateurs endocriniens en publiant un rapport, le 27 septembre dernier, qui reconnaît les effets du bisphénol A aux faibles doses. La France se retrouve ainsi être le pays pionnier en la matière.
Les perturbateurs endocriniens ne sont qu’une partie du vaste problème que représente l’épidémie de maladies chroniques dont le constat a été fait les 19 et 20 septembre 2011 à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ONU. Le communiqué final signé par les 193 Etats, dont la France stipule : « Nous, chefs d’État et de gouvernement et représentants d’État et de gouvernement […] reconnaissons que le fardeau et la menace que les maladies non transmissibles représentent à l’échelle mondiale constituent l’un des principaux défis pour le développement au XXIe siècle, en ce qu’il vient remettre en cause le développement social et économique dans le monde entier et compromettre la réalisation des objectifs de développement arrêtés sur le plan international ».
Comprendre la nature du lien entre santé et environnement et rendre cet environnement moins pathogène nécessite un énorme effort de recherche interdisciplinaire mobilisant de très nombreuses disciplines scientifiques. Il est donc surprenant qu’au moment où la France s’engage enfin sur cette voie, le principal opérateur de recherche, l’Agence nationale de la recherche (ANR), envoie un signal contraire en rayant des tablettes pour 2012 le programme consacré à la santé environnementale » Contaminants et environnement : métrologie, santé, adaptabilité, comportements et usages » (CESA).
Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle a été prise en catimini à la demande du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et du directeur du programme CESA sans que le conseil scientifique de l’ANR, n’ait été associé en amont de ce report.
Le Réseau Environnement Santé (RES) et la Fondation Sciences Citoyennes (FSC) demandent aux Ministres en charge de la Recherche, de la Santé et de l’Ecologie d’intervenir auprès de l’ANR non seulement pour rétablir ce programme et permettre de poursuivre les travaux en cours sur un court terme, mais aussi pour développer des laboratoires universitaires pérennes et indépendants dans ce domaine afin d’assurer une recherche de long terme associée à un enseignement de qualité.
Le RES et la FSC demandent que soit organisée le plus rapidement possible une table ronde réunissant toutes les parties prenantes pour élaborer un plan stratégique de recherche en santé environnement.
Contacts : André Cicolella pour le RES (06 21 81 70 34) et Christophe Morvan pour la FSC (06 32 67 06 71)