200 leaders et associations du mouvement mondial pour l’alimentation s’opposent à l’utilisation du forçage génétique

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mercredi 7 novembre 2018

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Le forçage génétique est une nouvelle technologie qui permet de modifier génétiquement des populations entières. Tous les êtres vivants sont concernés, insectes, plantes, animaux…. Cette technologie invasive constitue une tentative délibérée pour créer de nouvelles formes de pollution génétique : extinction d’espèces entières, mise en danger des formes d’agriculture et de nourriture durables et équitables.

Le forçage génétique constitue une menace réelle pour les systèmes naturels. Les expérimentations menées hors des laboratoires comportent un risque sérieux de propagation incontrôlable des gènes modifiés dans les populations sauvages et domestiquées. Les écosystèmes et les chaines alimentaires pourraient alors se retrouver profondément déréglés et la biodiversité menacée. Des espèces importantes comme les polinisateurs pourraient disparaitre.  Les sols, l’eau, l’alimentation ou encore l’économie du textile pourraient être impactés et les pratiques et les cultures agro-écologiques des peuples autochtones sévèrement touchées.

Le forçage génétique est aujourd’hui développé pour l’agriculture. Si cette technique est appliquée, les fermes deviendront encore plus uniformes génétiquement, mettant fin à la liberté de choix des agriculteurs, protégée, entre autres, par le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture et la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales. Le forçage génétique renforcerait encore davantage un système d’agriculture industrielle utilisant la modification génétique, élargirait l’utilisation de pesticides et la main mise des entreprises sur les réseaux alimentaires. La souveraineté alimentaire des agriculteurs, des travailleurs du secteur de l’alimentation et des consommateurs s’en retrouverait de fait affaiblie. Le forçage génétique entrave la mise en application de droits fondamentaux tels que le droit de tous les peuples à une alimentation saine, produite écologiquement et culturellement adaptée.

Au nom du principe de précaution, inscrit dans le droit international ; pour protéger la vie sur terre et la possibilité même de nourrir l’humanité, nous, signataires, appelons à l’adoption d’un moratoire mondial contre le lâcher de tout organisme génétiquement modifié par forçage génétique.

Nous demandons expressément aux gouvernements de mettre en place des processus participatifs pour évaluer ces technologies. Le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones et de toutes les populations concernées par toutes les biotechnologies émergentes – au premier rang desquelles le forçage génétique – doit être respecté, comme stipulé notamment dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Il en va de la protection de notre droit à préserver la biodiversité et les savoirs traditionnels.

Nous nous opposons aux expérimentations actuelles qui libèrent des animaux transgéniques risqués pour tester la faisabilité de futurs lâchers d’organismes modifiés par forçage génétique.[1]

Nous nous engageons pour la protection des systèmes alimentaires, des cultures, des écosystèmes, des droits, des moyens de subsistance et de la souveraineté alimentaire de ceux qui travaillent et dépendent de l’agriculture et de la production alimentaire.

Pour aller plus loin : rendez-vous sur le site d’ETC Group à l’origine de cet appel à protéger les systèmes alimentaires d’une technologie mortifère (en anglais) : http://etcgroup.org/content/over-200-global-food-movement-leaders-and-organizations-reject-gene-drives

[1] Le projet de plusieurs millions de dollars ‘Target Malaria’, développé à Londres, relâche actuellement en Afrique de l’Ouest des moustiques transgéniques non issus du forçage génétique pour « tester » les systèmes de régulation en vue d’ensuite relâcher des moustiques issus du forçage génétique.