L’après marche citoyenne contre Monsanto

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mardi 24 mai 2016

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Les marches citoyennes contre la multinationale Monsanto le samedi 21 mai dernier ont rassemblé dans une quarantaine de ville en France et dans le monde de nombreux citoyens qui refusent la mainmise sur les ressources alimentaires par des multinationales comme Monsanto. Monsanto est la caricature des multinationales prédatrices. Cette déclaration de Benjamin Sourice, un membre du collectif des Engraineurs collectif co-organisateur de la manifestation parisienne, résume bien l’impact négatif de la firme américaine.

Cette année, de gros enjeux se profilent concernant les orientations qui seront adoptées en matière de « gestion » du vivant notamment dans le domaine agricole. Selon les décisions qui seront prises au niveau de la réglementation des organismes, plantes génétiquement modifiées (quelque soit la technique utilisée), des échanges commerciaux entre les états, de l’attribution des subventions ou non à l’agriculture utilisatrice de quantité massive de pesticides… le monde pourrait devenir le monde selon Monsanto et les multinationales du même acabit.

Les défenseurs de la privatisation du vivant, de l’utilisation massive de pesticides, sont sur tous les fronts pour imposer leurs ambitions de suprématie. Ils sont régulièrement en embuscade dans les discussions au sein de l’Union Européenne. C’est ainsi que l’on a pu assister pour la deuxième fois à l’ajournement de la décision de l’Union européenne concernant le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, une substance classée comme potentiellement cancérigène et présente dans le Round Up, herbicide vedette de Monsanto.

Ils interviennent également, en toute discrétion, au niveau des discussions pour mettre en place des traités d’échanges commerciaux transatlantiques entre le continent nord américain (le Tafta 1 pour les Etats-Unis, le CETA 2 pour le Canada) et l’Europe. Avec le Tafta rebaptisé dernièrement TTIP 3 et le CETA, si ces deux traités sont adoptés, les échanges commerciaux en matière de produits agricoles pourraient évoluer en favorisant l’essor mondial des plantes obtenues par le biais des nouvelles biotechnologies et renforcer ainsi la privatisation du vivant à l’échelle de la planète.

Dans ce contexte qui vise à toujours plus d’échanges commerciaux au niveau mondial, la tendance à la formation de très grosses multinationales dans le secteur de l’agrochimie semble se confirmer cette année avec l’acquisition de Syngenta (groupe suisse) par ChemChina (groupe chinois) et les discussions en cours de rachat de la firme américaine Monsanto par le géant allemand Bayer. Cette concentration des semences et de pesticides aux mains d’une poignée de multinationales inquiètent les ONG, associations et cultivateurs qui défendent un autre modèle agricole exempte d’utilisation de semences génétiquement modifiées et de pesticides.

De multiples démarches citoyennes ont lieu pour contrer la domination grandissante de certaines multinationales. Les marches citoyennes contre Monsanto qui rassemblent depuis quatre ans la société civile en est un exemple tout comme cette action express menée par les Engraineurs samedi matin avant la marche dans deux supermarchés où 300 produits ont été étiquetés « nourris aux OGM », des tracts insérés dans les rayons. L’intervention a été terminée par un « crieur » qui, comme pour une promotion de marché, crie et interpelle le chaland avec des slogans tel que « Il est bon mon poulet nourri aux OGM, qui veut goûter !  » ou « Aujourd’hui, promotion sur la sécurité alimentaire ! » Un mode d’action citoyenne facilement reproductible, bien accueilli et qui a l’avantage de toucher un public directement concerné mais qui ne se déplace pas forcément aux manifestations et est le plus souvent mal informé sur le contenu de son panier.

Autre démarche citoyenne, l’organisation en automne prochain du 14 au 16 octobre 2016 du procès Monsanto, procès organisé symboliquement à La Haye par un comité de citoyens et soutenu par des associations afin d’évaluer et de juger la multinationale Monsanto pour crime contre l’humanité et écocide.

Deux visions radicalement différentes du monde se dessinent. Les deux camps affutent leurs armes respectives. Et si cette lutte peut rappeler celle du faible (pot de terre) contre le fort (le pot de fer), la prise de conscience progressive des citoyens et leur mobilisation croissante pourraient réserver de belles surprises.

  1. Pour Trans Atlantic Free Trade agreement ou Accord commercial trans-atlantique pour les francophones
  2. Pour Canada-EU Trade Agreement ou Accord Économique et Commercial Global pour les francophones
  3. Pour Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement pour les francophones