Conférence/Débat – Le gouvernement des "ressources naturelles"

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jeudi 9 juin 2005

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Organisé par le Centre de recherches d’histoire moderne (CRHM), Ecole francaise de Rome, Institutions et dynamiques historiques de l’économie (IDHE-Paris 1), Centre de recherches historiques (EHESS paris), lundi 20 juin 2005, Université de Paris I – Panthéon – Sorbonne,
Salle Marc Bloch (Galerie Rollin, 2ème étage), 17 rue de la Sorbonne 75005 Paris

Contact : Alice Ingold : ingold@ehess.fr

Anne Conchon : conchon@univ-paris1.fr


Matinée – 9h30 – 13h00

Anne Conchon ,IDHE – Université Paris I et Alice Ingold ,EHES

Introduction à la journée

Richesses et ressources : échelles et acteurs

Anne Conchon ,IDHE – Université Paris I

Des « richesses de la terre » aux « ressources naturelles ». Le langage de l’économie politique (XVIIe-début XIXe siècles)

Alice Ingold ,EHESS

Pour un « gouvernement civil des eaux » (Italie, XIXe siècle)

Jérôme Buridant ,Université de Reims

Réserves et gestion de la ressource forestière (France, XVIe-XIXe siècles)

Discussions avec Jean-Marc Besse ,CNRS et Denis Woronoff ,IDHE – Université
Paris I


Après-midi – 14h30 – 17h30

La fabrique des ressources du sous-sol, entre savoirs géologiques et savoirs de gouvernement

Isabelle Laboulais-Lesage ,Université Marc Bloch, Strasbourg

L’Agence des Mines au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle : un laboratoire de l’administration des ressources naturelles

Jakob Vogel ,TU, Berlin

L’impossible savoir géologique. L’administration prussienne et l’exploitation du sel au XIXe siècle

Jérôme Bourdieu ,INRA

La crainte de l’épuisement des réserves pétrolières et la gestion du processus de raréfaction

Discussions avec Nadine Levratto ,IDHE-ENS Cachan


Cette journée de travail souhaite partir des propositions d’une historiographie qui s’est renouvelée ces dernières années, en interrogeant notamment comment les modalités de description de la nature ont évolué, à partir du XVIIe siècle, parallèlement à la constitution des catégories de l’économie politique. Les emprunts et les transferts de vocabulaire entre des domaines alors en voie de constitution, les sciences naturelles et l’économie politique, invitent à s’interroger sur la construction et les usages d’un vocabulaire. A partir d’une série de dossiers de recherche portant sur les périodes moderne et contemporaine, la journée propose d’ouvrir chronologiquement ces observations, afin d’examiner sur le temps long la part des sciences de gouvernement dans la construction de la notion de « ressources naturelles ». On cherchera ainsi à saisir comment les sociétés identifient et évaluent diversement ce qu’elles définissent comme des objets naturels. La rencontre est organisée autour de deux séries de questions, qui prétendent moins développer l’ensemble des problématiques qu’ouvrir une réflexion commune.

Dans une Europe moderne, qui se définissait aussi par l’absence de certaines ressources métalliques, en contraste avec le nouveau monde, on voit se mettre en place des formes de description des « ressources naturelles », qui s’appuient sur la construction d’instruments et d’objets de savoirs (descriptions, enquêtes, statistiques, cartes…) et la consolidation de savoirs et de compétences en situation d’expertise, toutes deux corrélatives de l’affirmation de l’Etat moderne. De la même façon, les tentatives contemporaines de définition mondiale des réserves invitent à considérer les échelles auxquelles se stabilisent et se négocient les principes de régulation d’accès et de valorisation des ressources. Quels sont les acteurs de ces opérations d’identification des ressources et qu’engagent-elles en termes de gouvernement territorial ?

Le « gouvernement des ressources » invite aussi à réfléchir à la dimension idéologique d’une série de thèmes, portés tant par les acteurs que par l’historiographie : les liens étroits entre richesses et puissance politique de l’Etat ; le rapport entre hommes, ressources et territoire, et leur possible équilibre. On s’interrogera sur les dynamiques de constitution et de transmission du topos qui voit dans une « bonne gestion » et une « bonne répartition » des ressources les marques d’un bon gouvernement, dont la paysage est parfois considéré comme un des indicateurs. On s’intéressera aussi à l’existence de modèles concurrents de « bon gouvernement des ressources », qui soutiennent des régimes – national, local ou international – de gestion des ressources.

Une première journée du programme « Les ressources naturelles : mesure, régulation et maîtrise » (Ecole française de Rome) s’est tenue en novembre
2004 et a été consacrée aux opérations de construction de la catégorie des ressources naturelles.