La France s’engage à réguler la biologie de synthèse, avec 193 autres pays. Après les paroles, des actes !

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jeudi 30 octobre 2014

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Le 17 octobre dernier, lors de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) qui se tenait à Pyeongchang, en Corée du Sud, 194 pays se sont engagés à réguler la biologie de synthèse1. La France en fait partie. Pas les Etats-Unis.
La régulation de la biologie synthétique était réclamée depuis 2010 par une coalition d’ONG, emmenée par les Amis de la Terre et l’ETC Group. Cette décision de la CDB fait suite à d’âpres négociations qui ont opposé un petit nombre de pays, au secteur biotechnologique bien développé, à de nombreux pays d’Asie, d’Afrique, des Caraïbes et de l’Amérique Latine, qui craignent de voir certaines de leur ressources agricoles remplacées par des produits issus de la biologie de synthèse.

Depuis quelques années, la biologie de synthèse2 – une nouvelle forme d’ingénierie du vivant visant à reformater des êtres vivants en modifiant profondément leur ADN – se développe sans aucune régulation spécifique. Les premiers produits industriels issus de cette technologie d’OGM 2.0 commencent à arriver sur le marché. C’est le cas de produits utilisés dans la parfumerie comme la vanilline3, de produits d’entretiens à base d’huile produite par des algues génétiquement modifiées4 ou de produits pharmaceutiques comme l’artémisinine5. Des produits plus délirants sont également dans les tiroirs des biologistes de synthèse. Par exemple, des plantes phosphorescentes, dont une firme américaine commercialise les graines par Internet.

La précaution a donc primé dans la décision de la CDB. Tous les pays signataires se sont engagés à réguler rapidement la biologie de synthèse sur la base du principe de précaution. Les produits de la biologie synthétique devront faire l’objet d’évaluations scientifiques prenant en compte les risques pour la biodiversité, la santé humaine, la sécurité alimentaire. Les aspects socio-économiques devront également être pris en compte.

La Fondation Sciences Citoyennes se joint aux ONG qui se félicitent de ce premier pas, insuffisant mais dans la bonne direction.

Le gouvernement français et ses partenaires européens doivent maintenant passer des paroles aux actes et appliquer rapidement l’engagement qu’ils ont pris devant 193 autres pays : réguler activement la biologie de synthèse et interdire le relargage dans la nature de produits issus de cette technologie tant que des évaluations précises de tous les risques associés ne sont pas disponibles.

 
Lien vers le communiqué de l’ETC group (en anglais): http://www.cbd.int/doc/press/2014/pr-2014-10-17-cop-12-en.pdf