Forcer l’agriculture, un rapport de l’ONG ETC Group

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mercredi 6 mars 2019

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Et si les compagnies agroalimentaires pouvaient modifier les gènes de populations entières d’insectes, de plantes et d’animaux sauvages ? Et puisque le forçage génétique le permet, qu’est-ce que le secteur agroalimentaire fait de cette technologie ?

Dans son rapport Forcer l’agriculture, (maintenant disponible en anglais et en espagnol), ETC Group explique comment les géants et les startups du secteur agroalimentaire dissimulent leurs motivations purement lucratives derrière des projets prétendument humanitaires comme Target Malaria, de façon à développer des organismes issus du forçage génétique.

Il n’est pas surprenant de constater que la modification de la composition génétique de populations entières d’insectes, de plantes et d’animaux sauvages, offre de nombreuses possibilités pour l’établissement d’un contrôle sur la production alimentaire.

Produit par ETC Group et la Fondation Heinrich Boell, le rapport Forcer l’agriculture explique en quoi consiste ces tentatives de modifier des espèces sauvages et dans quel but. En voici quelques exemples :

  • Le forçage génétique est progressivement introduit chez les populations de mouches, d’insectes, de vers et d’autres éléments nuisibles afin de propager la stérilité chez ces populations d’insectes, constituant ainsi une alternative biologique aux pesticides.
  • Les chercheurs proposent d’utiliser le forçage génétique comme outil pour augmenter la production de viande chez les animaux d’élevage.
  • Des brevets ont été demandés pour implanter des gènes dans les abeilles mellifères, le tout dans le but de contrôler les modèles de pollinisation à l’aide de faisceaux lumineux.
  • Des recherches sont en cours pour implanter des gènes chez des espèces de mauvaises herbes communes afin de les rendre plus vulnérables aux herbicides tels que le Roundup.
  • Dans l’analyse de deux brevets clés sur le forçage génétique, on remarque que chacun des brevets mentionne de 500 à 600 utilisations agricoles de cette technologie, faisant également référence aux marques de 186 herbicides, 46 pesticides et 310 insectes ravageurs utilisés en agriculture, incluant les nématodes, les acariens, les mites, etc.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport ici.

Plus de 200 organisations issus de mouvements alimentaires (dont Sciences Citoyennes) ainsi que des dirigeants du monde entier ont signé une lettre qui déclare leur opposition au développement et à la libération d’organismes issus du forçage génétique à usage agricole. En 2019, nous continuerons à travailler avec nos alliés-es pour prévenir l’usage du forçage génétique dans la nature et pour défendre le consentement libre, préalable et éclairé des communautés potentiellement touchées par de telles expérimentations.

N.B. La traduction française du rapport a été assurée par Yanick Lasica, administrateur de Sciences Citoyennes.