L’intelligence artificielle (I.A) nourrit de nombreux fantasmes. Certains sont encore du domaine de la science-fiction comme la crainte d’une société telle que décrite par le film Matrix, où cette intelligence aura pris le pouvoir. Si ce scénario ne semble pas pour demain, d’autres visions dystopiques sont quant à elle devenues réalité. Ainsi le crédit social en République Populaire de Chine, facilité par un système de vidéosurveillance massif, associé à des logiciels de reconnaissance faciale, est semble-t-il bien installé. Mais la Chine, souvent citée épouvantail en ce qui concerne les droits humains n’a rien inventé. Le système bancaire et assuranciel avait depuis longtemps mis en place une évaluation des individus sur la base de critère gagnant en complexité. Aux États-Unis, le Credit Score date quasiment de la disponibilité d’ordinateurs afin de traiter les quantités considérables nécessaires à une évaluation raisonnablement efficace (Credit score in the United States – Wikipedia en anglais seulement). Est-ce à dire que tout ce que la technique permettra aboutira systématiquement à un contrôle de plus en plus serré de la population ?
Mais l’intelligence artificielle est multiple. Nombre de ses promoteurs la défendent en prétendant qu’elle n’est qu’un outil et qu’en tant qu’outil, c’est seulement de son usage qu’il faudrait discuter… Elle est en effet déjà présente au quotidien de manière plus ou moins visibles dans nos objets technologiques (ordinateurs, mobiles, domotique) et dans une partie du traitement de nos interactions sociales. Correcteur orthographique, suggestion de mots ou de contacts lors de l’envoi de message, logiciel de calcul d’itinéraires, les usages sont maintenant innombrables.
Par ailleurs, véritable far-west technologique, elle ne fait l’objet d’aucune règlementation (les institutions de l’Union européenne viennent à peine de se mettre d’accord sur une proposition de règlement pour en encadrer certains usages), pour la simple raison que le débat public n’a pas vraiment pu démarrer. Va-t-il seulement être possible lorsque mesurant les enjeux économiques colossaux de ces technologies, le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire affirme que « L’IA est une chance pour ceux qui la maîtriseront, elle sera un désastre pour ceux qui lui tourneront le dos”. Par ailleurs, l’IA n’est pas qu’une question d’intérêts privés. Sans revenir à l’exemple du Crédit Social, les pouvoirs publics, la justice y-compris, sont vivement intéressés par les potentialités connues et escomptées de ce tsunami technologique. Ainsi, le Conseil d’État, sur commande du premier ministre, Jean Castex, a produit une étude, publiée en 2022 dont le titre « Intelligence artificielle et action publique : construire la confiance, servir la performance” est sans équivoque. La deuxième partie de l’étude préconise d’ailleurs d’ »accélérer le déploiement des systèmes d’IA publics pour en exploiter pleinement le potentiel”.
Dans ce débat adhérent, nous proposerons de commencer par le commencement : qu’est-ce que l’IA ou plutôt quels sont les différents types d’IA ? Jacques Haiech, adhérent de Sciences Citoyennes, professeur honoraire de biotehnologies à l’Université de Strasbourg et auteur de Parcourir l’histoire de l’intelligence artificielle, pour mieux la définir et la comprendre nous donnera ainsi un aperçu historique et sémantique de ce qu’on appelle l’IA.
Comme le sujet est très vaste, nous nous concentrerons sur son utilisation dans la recherche sur le vivant avant de discuter des impacts et potentiels dangers, afin de définir de possibles pistes d’action pour notre association.
Pour des raisons d’organisation, merci de bien vouloir vous inscrire pour pouvoir participer aux échanges.
N.B. Le débat suivant aura lieu le 14 mars 2024 et portera sur l’autoritarisme.