Conférence-débat : les perturbateurs endocriniens : un risque majeur ?

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jeudi 4 novembre 2004

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Où en sommes-nous 13 ans après l’appel de Wingspread ? Par Ana Soto, professeur à l’école de médecine à l’Université de Tufts à Boston, signataire de l’appel de Wingspread

le 8 novembre 2004 à18 h 30

Amphi Jacques Monod au centre universitaire JUSSIEU, Tour 42, Rez de chaussée

La conférence aura lieu en français


La déclaration de Wingspread, signée par une vingtaine de scientifiques énonce : « De nombreux composés libérés dans l’environnement par les activités humaines sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux ,y compris l’homme .Les conséquences de tels dérèglements peuvent être graves,en raison du rôle de premier plan que les hormones jouent dans le développement de l’organisme » _ Suivent 6 points avec les certitudes, les effets probables, les incertitudes, les études nécessaires.
Voir le texte dans
« L’homme en voie de disparition ? » (edit. Terre Vivante )


A l’appel de nombreuses associations :

Groupe de veille sur les perturbateurs endocriniens,
Fondation sciences citoyennes,
Fondation terre humaine,
Mouvement pour le droit et le respect des générations futures,
Greenpeace,
Hhorages (victimes du distilbène),
Artac,
Syndicat médecine générale,
Association toxicologie-Cnam


En 1987, Ana Soto, Professeur de biologie cellulaire à la Faculté de Médecine de la Tufts University à Boston a découvert que la lignée cellulaire de cancer du sein sur lequel elle travaillait depuis un certain temps proliférait de manière aberrante.

Elle soumit son protocole de travail à une investigation digne d’un détective. En 1991, elle finit par mettre la main sur le coupable : la para-nonylphénol (un composé de la famille des alkylphénols), un « banal » additif aux plastiques, utilisé au laboratoire et ailleurs. Ce composé agit en fait comme une hormone et stimule la croissance des cellules malignes et est en mesure de perturber tout l’équilibre hormonal.

La découverte d’Ana Soto est un fait important : jusque là, les spécialistes pensaient que les produits chimiques de synthèse – les pesticides en particulier- ne faisaient courir de risques que si leurs résidus étaient présents dans l’eau ou les aliments. Or, Ana Soto et son collègue Carlos Sonnenschein découvrent que les substances synthétiques en mesure de perturber les hormones sont douées du don d’ubiquité puisqu’on les trouve dans les produits les plus bénins et les plus courants. On connaît aujourd’hui une vaste gamme de produits chimiques perturbateurs endocriniens.

En Juillet 1991, au Centre de conférence de Wingspread dans le Wisconsin, Ana Soto et un groupe de spécialistes en biologie marine et du développement, en toxicologie de la reproduction, en pharmacologie, en immunologie, en médecine, en droit…publièrent la Déclaration de consensus de Wingspread. Celle-ci déclare que les hommes sont exposés à des produits chimiques qui ont altéré de manière significative le développement embryonnaire chez la faune et chez l’animal de laboratoire. De plus, ce document attire l’attention sur le fait que, chez l’homme, le développement de l’embryon ainsi que le développement intellectuel et les défenses immunitaires sont mis en péril par ces produits issus de la synthèse chimique et introduits dans l’environnement du fait des activités humaines.

A Winspread, ce groupe multidisciplinaire s’était fixé trois buts :
Intégrer et évaluer les résultats acquis dans diverses disciplines relativement à l’ampleur du problème des perturbateurs endocriniens dans l’environnement
Tirer les conclusions qui peuvent être valablement avancées au vu des données disponibles
Etablir un programme de recherche en mesure de dissiper les incertitudes.

Au cours de cette conférence, Ana Soto fera le point sur les progrès accomplis.
A l’heure où les journaux évoquent de plus en plus ces problématiques [1] et à l’heure où le programme REACH subit des assauts tendant à en faire une coquille vide, nul doute qu’Ana Soto permettra à tous ceux qu’intéresse cette problématique fondamentale des éléments pour approfondir leur réflexion et guider leur action car éliminer l’exposition aux perturbateurs endocriniens est une priorité internationale évidente.


[1] Le Canard Enchaîné du 22 septembre 2004 « Les caïds de l’industrie chimique ont fait la loi à Bruxelles » par Jean-François Julliard
Le Monde du 13 octobre 2004 « L’environnement cancérigène » par Paul Benkimoun
Libération du 20 octobre 2004 « Les pinèdes méditerranéennes récurées au détergent » par Laure Noualhat