Colloque international OGM et pesticides

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jeudi 3 décembre 2015

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Quand les scientifiques et la société civile construisent ensemble

Les 12 et 13 novembre derniers a eu lieu au centre scientifique d’Orsay (Université Paris-Sud) le colloque international sur l’évaluation et la règlementation des OGM et des pesticides

Ce colloque, ouvert à la société civile (avec une traduction simultanée Français/Anglais), était organisé dans le cadre d’un projet de recherche participative PICRI (Partenariats Institution-Citoyens pour la Recherche et l’Innovation[1]), financé par la Région Ile-de-France. Ce projet (http://www.picri-ogm.fr), relatif à l’étude du principe d’équivalence en substance sur lequel s’appuie l’évaluation de tous les OGM agricoles dans le Monde, est réalisé en partenariat entre l’Université Paris-Sud, l’association Générations Futures (http://www.generations-futures.fr) et le Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique : http://www.criigen.org).

Le caractère international du colloque n’était pas seulement dû au panel des intervenants, mais également à l’auditoire puisque les 140 participants comptaient de nombreuses personnes qui avaient fait le déplacement depuis différents pays (d’Europe, mais également d’Amérique et d’Afrique).

 

En accord avec l’esprit de la recherche participative, ce colloque a offert une passerelle supplémentaire entre la recherche institutionnelle et le tiers-secteur scientifique (citoyens, associations, ONG), avec d’une part des présentations de données expérimentales rendues accessibles au grand public, et d’autre part des tables rondes rassemblant divers acteurs de la société civile, les deux suivies d’importantes phases d’échanges avec la salle. Et c’est dans le même esprit que nous avons choisi d’organiser ce colloque sur le centre scientifique d’Orsay (en dépit de sa difficulté d’accessibilité) : à l’heure où il est permis aux entreprises de siéger aux conseils d’administration des Universités, il était essentiel pour mes collègues et moi-même, soucieux de mettre la science au service du bien commun, d’offrir l’opportunité aux citoyens de pénétrer les murs de l’Université.

 

Ce colloque a permis de présenter une partie des résultats (en cours de publication) de la recherche réalisée dans le cadre de notre projet PICRI, ainsi que d’autres travaux (obtenus notamment par des équipes brésilienne et norvégienne) remettant en question le principe d’équivalence en substance, en particulier lorsque celui-ci s’applique aux OGM tolérant des herbicides. Une deuxième session scientifique a fait état des données expérimentales démontrant la carence et l’inadaptation des études toxicologiques des OGM et des pesticides, qu’il s’agisse de la durée insuffisante des tests règlementaires pour appréhender les éventuels effets chroniques, de la contamination de la nourriture des rats de laboratoire (qui conduit à déclarer les effets observés chez les rats traités comme non significatifs), de la non-évaluation des formules commerciales de pesticides (mais seulement du principe actif), ou encore du recours à des normes toxicologiques obsolètes et totalement inadaptées aux perturbateurs endocriniens que s’avère être la plupart des pesticides. Enfin, les recherches présentées lors de la troisième session scientifique ont permis de montrer les effets néfastes des pesticides et des OGM sur le monde microbien et sur la vie du sol, qu’il s’agisse des microbes alimentaires, des microbes de la rhizosphère (au contact des racines) ou des vers de terre.

 

Les tables rondes ont permis de faire un état des lieux et d’échanger sur les différents mode de recherche participative et sur la nécessité d’impliquer la société civile dans les programmes et orientations de recherche, sur la règlementation des pesticides et des OGM (incluant ceux issus des nouvelles technologies, autres que la transgenèse) au niveau national et communautaire — avec un accent particulier sur la question de la transparence des données, des conflits d’intérêts au sein des comités d’évaluation, et de la responsabilité des décideurs et des experts —­, ainsi que sur la question des choix agricoles et alimentaires de demain où un paysan, un agronome, un médecin et une responsable d’entreprise produisant des farines et de l’alimentation animale ont exposé et croisé leur point de vue.

 

Pour conclure, ces deux journées d’échanges, où se sont côtoyés multiples compétences, multiples acteurs de la société civile, ont été particulièrement riches et intenses, et un grand moment d’intelligence collective. Ces deux journées n’ont fait que confirmer l’ultime nécessité d’ouvrir la science, non seulement pour un partage mais pour une co-construction des savoirs. S’il y a des professionnels de la science ­— les chercheurs — comme il y a des professionnels de la politique — certains élus —, la démarche scientifique, tout comme l’action politique, n’appartient à personne ou plutôt, appartient à tout le monde. Il est temps d’envisager une science autrement en considérant « l’équivalence en substance » entre les scientifiques (de métier) et les citoyens.

 

Christian Vélot

Généticien moléculaire

Coordinateur scientifique du colloque et du projet PICRI sur l’équivalence en substance

 

Les supports et  résumés des interventions, un diaporama et les vidéos des interviews sont disponibles sur les liens suivants :

http://picriogm.weebly.com/actes.html

http://picriogm.weebly.com/photos.html

http://picriogm.weebly.com/videos.html

 

[1] Programme de recherche mis en place par la Région Ile-de-France, sous l’impulsion de Fondation sciences citoyennes (http://sciencescitoyennes.org)