La crise de la canicule pose le problème des effets de la pollution… qui ne démarre pas d’ailleurs seulement quand la température atteint 40° C. Un excellent article de synthèse paru en sept-oct 2002 dans la revue Environnement Risques et Santé sous la signature de Jean-Pierre Besancenot « Vagues de chaleur et mortalité dans les grandes agglomérations urbaines » met en évidence un effet multiplicatif de la pollution et de la chaleur.« Le cas le mieux étudié est celui de Londres en 1995, les particules ont alors contribué pour environ 26% à la surmortalité, l’ozone pour 26% également et l’oxyde d’azote pour 9%…
Mais ce serait une erreur que de voir dans les fortes températures et dans l’ozone deux facteurs séparés de surmortalité, dont les effets ne feraient que s’additionner. En réalité, une véritable synergie peut être décelée entre eux. Le phénomène a été bien décrit en 1994 en Belgique, notamment à Bruxelles.
Jusqu’à 20,3°C de température moyenne, la mortalité des personnes âgées croissait linéairement avec la teneur en ozone (p<0,01), mais au dessus de 20,4°C elle était corrélée à la fois à la concentration de l’air en 03 (p < 0,001) et à la température (p <0,001). La colinéarité des deux variables impose assurément la prudence dans l’interprétation des résultats, mais un modèle non paramétrique prenant en compte une possible interaction a permis de démontrer que par temps anormalement chaud ; la température potentialisait bien l’effet de l’ozone sur la mortalité et vis versa. . Même des niveaux de pollution relativement modérés a priori peu nocifs en eux-mêmes accroissent de façon spectaculaire les effets de la chaleur. »
Il cite l’exemple d’Athènes en 1987 où la vague de chaleur fit 2000 morts , avec des taux d’ozone inférieurs de moitié au maximum rencontré à Athènes. et il conclut : » Ni la canicule, ni la médiocre qualité de l’air n’auraient déterminés une hécatombe d’une pareille ampleur si les deux phénomènes ne s’étaient potentialisés. «
La démonstration a été faite en 1988 lors de la 2ème vague de chaleur à Athènes qui fit 25 morts seulemen… La circulation automobile et l’activité industrielle avaient été réduites de façon draconienne.
Une autre preuve de cette interaction, les taux de mortalité sont plus élevés dans les grandes villes qu’à la campagne (Athènes 1997 +96,5% zones rurales + 26,8 %) , les facteurs sociaux et l’habitat peuvent jouer également.