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Tudo bom ?*

Comme vous le savez sans doute, la Fondation Sciences Citoyennes a lancé il y a deux ans l’idée d’un Forum mondial sciences et démocratie (FMSD) en marge du Forum social mondial (FSM). Après deux ans de travail et d’échanges avec des chercheurs, des organisations de scientifiques, des syndicats, des associations, des ONGs, la première édition du FMSD se tiendra les 26 et 27 janvier 2009, c’est-à-dire deux jours avant le début du Forum social mondial de Belém. Cinq séminaires y seront organisés avec des intervenants venant du monde entier. Le programme est disponible à l’adresse suivante :
http://fm-sciences.org [1]

Le FMSD se poursuivra pendant le FSM sous la forme d’ateliers thématiques du 29 au 31 janvier et enfin une assemblée « Sciences et Démocratie », qui visera à définir les suites à donner à cette première édition, conclura cette semaine.

Sortis de ces considérations purement techniques justifiant de notre présence ici, nous allons tenter de vous faire partager avec nous cet événement en vous faisant humer l’air de Belém, la capitale du Para à l’entrée du delta de l’Amazonie. Une petite précision toutefois pour les éventuelles mauvaises langues, nous ne sommes pas en vacances et Brésil ne rime pas nécessairement avec station balnéaire, soleil permanent, bikinis ou autres fantaisies tropicales.

Certes nous mesurons l’énorme chance d’être ici mais il faut savoir que c’est la saison des pluies et la pluie, à quelques encablures de l’équateur, ça veut dire quelque chose : des murs d’eau remplacent très vite un soleil qu’on croyait bien installé quelques minutes plus tôt. Et là, c’est la loterie : ou ça dure vingt secondes, ou ça dure plusieurs heures, avec ou sans tonnerre à réveiller les morts.

Vous allez nous dire, regardez-les ces scientifiques citoyens, ils sont à l’autre bout du monde et ils se plaignent. Eh bien non parce qu’il y a un je-ne-sais-quoi tout ce qu’il y a de brésilien qui vient faire oublier la pluie : le sourire et la chaleur humaine. Parce qu’il pleuve, qu’il vente, qu’un avion s’écrase à ses pieds, qu’il n’ait trouvé ni salle ni équipement de traduction à une semaine de la tenue d’un forum, un(e) Brésilien(ne) aura toujours le sourire bien vissé
aux lèvres et arrêtera toute activité quand vous pénétrerez dans son bureau.

Ici, point question de « j’ai pas le temps » ou « tu ne vois pas que j’trâvaille », c’est une accolade dont la proximité ne manquerait pas de mettre à mal les préceptes d’un curé de campagne du fin fond de la Beauce que vous recevrez un guise de bonjour. Cela étant dit, méfiez vous, quand un(e) Brésilien(ne) vous dit « j’arrive » au téléphone, il faut comprendre « je finis d’écrire mon article, je nettoie l’appartement, je prends une douche, je lis mes emails, je m’habille, je vais faire deux ou trois courses, je prends le bus et j’arrive ». Exagération nous direz-vous encore, à juste titre, dans notre logique de pays du Nord. Et pourtant non, un exemple bien concret que nous avons vécu il y a quelques jours dans les bureaux de l’Unamaz (l’Union des universités amazoniennes) va venir corroborer cet état de fait : nous sortions d’une réunion à mi-chemin entre le jamboree et la revanche du Sud contre les gringos. La diplomatie avait battu son plein et quelques discussions de couloir nous avaient permis de stabiliser les choses. Notre collaborateur brésilien nous lança alors : « il faut que j’y aille, j’ai un rendez-vous à 16h ». Il était… 17h30. Et notre comparse de nous accompagner pendant plus d’une heure encore pour nous aider à nous pourvoir d’un téléphone mobile…

Le mix de population est lui-aussi très impressionnant à Belém et de nombreux spécimens seraient à même de faire rendre sa soutane dans l’instant au curé de campagne que nous évoquions plus haut.

Enfin dernier point avant de conclure ce petit moment de multiculturalisme partagé : l’insécurité. Nous avons longtemps hésité avant d’aborder cette question épineuse de peur d’inquiéter nos familles et nos proches restés en France et pourtant nous avons finalement décidé d’en témoigner. Belém est une métropole où circulent plus de 2 millions d’habitants, très peu ne transportent ne serait-ce qu’un sac de peur de se faire agresser, les étrangers sont invités à ne se déplacer qu’en taxi, à éviter de prendre des photos parce que la ville n’est pas « secure » du tout et la violence qui touchait les classes les plus pauvres de la population jusqu’à présent a tendance à s’élargir aux classes moyennes et à se multiplier au point que le chef de la police de Belém a été démis de ses fonctions quelques semaines avant la tenue du FSM. Par ailleurs, un renfort de plusieurs milliers de policiers va bientôt arpenter les rues de la ville.

Donc pour résumer la situation et conclure du même coup : nous apprenons beaucoup, nous rencontrons des gens absolument extraordinaires, la chaleur et l’humidité ambiantes nous donnent les mains moites et les pieds poites, nous sommes impatients que le forum batte son plein mais nous ne vivons pas sur l’Île aux enfants.

A gente pode se manter em contato, não ?**

Fabien.

* Tout va bien ?

** On reste en contact, d’accord ?