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Canicule : le précédent de la vague de chaleur de Marseille en 1983

Les autorités ont expliqué qu’elles avaient été surprises par la nouveauté et le caractère exceptionnel de la vague de chaleur de la première quinzaine d’août. Pourtant, une étude de la littérature mondiale permet de voir que d’autres vagues de chaleur ont fait l’objet d’étude (voir communiqué de la FSC [1]). La SFSP (Société Française de Santé Publique [2] signale dans un communiqué [3] (téléchargeable sur leur site) le 19 août 2003 un article paru dans sa revue Santé Publique en 1992 sous la signature des médecins du laboratoire de santé publique de la faculté de médecine de Marseille et de l’hôpital de la Timone, le propre hôpital où a exercé l’actuel ministre de la santé [1 [4]].

Cette vague a eu lieu du 22 au 31 juillet 1983 avec un maximum de 40,6 °C .

Les conséquences ont été les mêmes que celles qui ont été vues ces dernières semaines. Les services d’urgence ont été submergés. Le nombre de patients a été multiplié par 3. Le nombre de morts est passé de 273 en moyenne au cours des 4 années précédentes à 573 sur la même période de 10 jours de juillet. L’étude a été limitée à Marseille et n’a pas analysé l’impact sur la région. Cependant, aucune vague similaire de létalité n’est signalée à Carpentras ou Saint Raphaël, qui avaient présenté les températures les plus élevées.

L’hypothèse avancée est celle du facteur déterminant qu’est l’élévation moyenne de la température plutôt que la température maximale comme agent causal. Les auteurs signalent des vagues précédentes sur Marseille en août 1971 (54 morts supplémentaires) et juillet 1982 (124 décès supplémentaires) et des publications américaines, relatant des cas similaires à Memphis, New York, Saint Louis et Kansas City. Ils concluent : « La lourde létalité observée incite à promouvoir plutôt une prévention qu’une attitude curative. »

C’est ce qui a été fait avec notamment un livret d’information distribué à tous les médecins du département relatant l’accident de 1983 et les moyens de prévention. Une expérience qui manifestement est restée locale.

Cette publication confirme que le phénomène est déjà bien identifié au plan scientifique, mais que la veille scientifique n’a pas été menée et les conséquences tirées en terme de veille sanitaire et de prévention.


[1 [5]] Thirion X et coll « La vague de chaleur de juillet 1983 à Marseille. Enquête sur la surmortalité-essai de prévention. » Santé Publique 1992, 7 pp 58-64., téléchargeable [6] sur le site de la SFSP