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Les nouvelles technologies de modification du génome à l’épreuve de la démocratie

Les nouvelles technologies de modification du génome font l’objet de nombreux articles, émissions à la radio et à la télévision. Le Haut Conseil aux Biotechnologies (HCB) a également été entrainé dans la tourmente médiatique avec la démission d’Yves Bertheau, l’un des membres de son comité scientifique. Sciences Citoyennes a choisi de communiquer sur ce sujet en proposant une traduction qu’elle a réalisée de l’article CRISPR à l’épreuve de la démocratie : Les nouvelles technologies de modification du génome doivent faire l‘objet de débats ouverts.

Contexte et présentation de l’article

En 2012, une nouvelle technologie de modification de l’ADN a été mise au point, qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans les laboratoires de biologie du monde entier. Crispr-Cas9 permet en effet de modifier n’importe quelle séquence d’ADN de façon très localisée pour l’inactiver ou la modifier. Relativement facile d’utilisation et assez peu coûteuse, elle a déjà été appliquée à un très grand nombre d’espèces animales, végétales et bactériennes. Elle peut en outre être utilisée directement sur les embryons animaux et permet donc d’obtenir des animaux génétiquement modifiés de façon beaucoup plus rapide qu’avant. On ne compte déjà plus le nombre d’articles publiés avec cette technologie, le nombre de brevets déposés et les milliards investis dans des sociétés de biotechnologies promettant d’exploiter au maximum les potentialités de la technologie.

En décembre 2015, les académies des sciences et de médecine américaines, les académies des sciences britannique et chinoise ont convoqué un sommet à Washington pour discuter des réglementations à mettre en place pour encadrer cette nouvelle technologie dans le domaine des recherches sur les embryons humains.

Alors que les scientifiques à l’origine de ce sommet prennent comme modèle la conférence d’Asilomar, organisée en 1975 pour encadrer les risques associés aux technologies de modification de l’ADN (dites technologies d’ADN recombinant), les auteurs du texte présenté ici montrent pourquoi ce modèle n’est pas pertinent. Ils appellent à ouvrir le débat de façon très large, au-delà des cercles scientifiques, et à repenser les relations entre les sciences et la société. L’objet du présent texte n’est donc pas de présenter la technologie Crispr-Cas9 mais bien de discuter des conditions d’un débat démocratique à la hauteur des enjeux posés. Bien qu’inscrit dans le contexte du débat en cours aux Etats-Unis, les réflexions proposées par les auteurs ont une portée beaucoup plus large.

L’article CRISPR à l’épreuve de la démocratie: Les nouvelles technologies de modifications du génome doivent faire l’objet de débats ouverts est paru dans la revue Issues in Science and Technology, Volume XXXII Issue 1, Fall 2015.
Il est disponible en libre accès sur le site de la revue Issues in Science and Technology [1]

Dans la traduction en français réalisée par Sciences Citoyennes (mai 2016), les passages signalés en gras dans le texte l’ont été lors de la traduction.

Sheila Jasanoff est Professeur d’étude des sciences et des technologies à l’Université d’Harvard.
J. Benjamin Hurlbut est professeur assistant en bioéthique à l’Université d’Etat de l’Arizona.
Krishanu Saha est professeur assistant en ingénierie biomédicale, histoire de la médecine et bioé-thique à l’Université du Wisconsin de Madison.

Le texte complet en version française est disponible ici : CRISPR-a-l-epreuve-de-la-democratie [2]

Le texte initial en version anglaise est disponible ici : CRISPR Democracy [3]