2ème Forum social européen

Par
mardi 14 décembre 2004

Miniature

Sur le site de la bibliothèque sonore du Forum social européen, vous pouvez écouter en ligne les interventions de Christophe Bonneuil, David King, Claire Weill et Jacques Testart, enregistées, le 13 novembre 2003, à Ivry, lors de la conférence organisée par le Forum social européen (FSE), et proposée par la Fondaction sciences citoyennes, la fondaction Charles Léopold Mayer, l’AITEC et l’Institute of Science in Society (ISIS).

Pour une science citoyenne
par Christophe Bonneuil

lien vers la retranscription

Ce que l’on a voulu faire, c’est partir de l’exemple des OGM mais pour poser le problème, en amont de ces techniques, du système de recherches qui les a générés. Donc aujourd’hui, on va essayer de poser le problème de la globalisation de la recherche et de la domination du  » tout génétique  » en biologie ; et les OGM sont un des avatars de cela, de même que la génomique ou toute une série de technologies d’intervention sur l’humain. Donc ce que l’on va essayer de voir ce sont les transformations profondes des systèmes de recherche, notamment en sciences de la vie, dans les dernières 25 années avec la généralisation des brevets et ses conséquences pour voir à quel point la science a été touchée de plein fouet par le phénomène de la mondialisation néo-libérale et qu’il est important d’introduire cette thématique de la recherche dans le mouvement alter-mondialiste. (…)

Science and capitalisme,
by David King

Intervention en Anglais. English speaking.

Comment le système capitaliste impose son dictat à l’ensemble su système de production. Le capital impose un courant réductionniste qui entend rationaliser la nature, simplifier la complexité et créer de l’uniformité là où il y a diversité. On appelle ça progrès, et on assimile efficacité et progrès. La génétique est devenue l’application des méthodes de grande production à l’étude du génome.

Précaution, science et démocratie

par Claire Weill

Démocratisation de la science
par Jacques Testart
« Christophe nous a rappelé qu’il y a une mutation de la recherche, qu’il date d’une vingtaine d’années, avec l’apparition des start-up, des brevets. Je l’ai vécu il y a une quarantaine d’années. C’était moins évident, mais il existait déjà un nouveau système d’organisation de la recherche, qui se mettait au service de priorités économiques, et qui était en liaison étroite avec l’industrie. De ce fait, on introduisait (à ce moment déjà) une confusion permanente entre les deux fonctions essentielles de la recherche : moyen de connaissance (ce qu’on appelle recherche congnitive ou fondamentale) et l’autre fonction : moyen d’action (ce qu’on appelle recherche appliquée ou finalisée). et la science, à ce moment-là, devenait déjà, ce qu’on a appelé depuis « technoscience ». C’est à dire cette intrication, entre ce que certains veulent appeler recherche fondamentale et la volonté de préparer, de produire un objet vendable, commercialisable, brevetable. Plusieurs caractéristiques de la technoscience expliquent le déficit démocratique grandissant dans la recherche publique.

D’abord la domination économique sur la recherche. Donc il faut que les applications soient rentables à court terme. Et puis quelque chose qui me paraît important, et qui est anti-scientifique, qui est le bluff technologique. Le bluff est partagé dans les laboratoires de recherche. On le voit par exemple au niveau des OGM ou de la thérapie génique. C’est à dire des promesses de quelque chose qui va fonctionner, qui va être utile à tout le monde, qui va nous apporter le progrès et le bonheur, mais qui ne fonctionne absolument pas. Et la fonction de tout ça est de gonfler les start-up, c’est de faire monter des cours en bourse, mais ça n’a absolument rien de scientifique. C’est un phénomène nouveau dans le monde dit scientifique. L’effort de compétitivité entre les entreprises, entres des institutions de recherche, entre des états, nuit à l’effort général de connaissance. C’est à dire qu’aujourd’hui, la fréquence des innovations est nettement plus importante que celle des découvertes, contrairement à ce qu’annoncent les médias régulièrement. J’ai même été jusqu’à dire que la découverte était un accident de la recherche finalisée. Ce recul de la recherche fondamentale est évidemment dommageable pour l’esprit d’abord, et pour la civilisation, parce que mieux savoir, mieux connaître la nature, c’est quand même un plus. Mais il est aussi dommageable pour le développement de la recherche elle-même, puisqu’il la stérilise. »

http://www.bibliotheque-sonore.org/science/fse/