1. Fonctionnement

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mercredi 2 octobre 2002

Miniature

« Une boutique de sciences fournit un support de recherche indépendant et participatif qui répond aux préoccupations de la société civile. » telle est la définition (la plus courte) que les boutiques de sciences donnent d’elles-mêmes (Gnaiger and Martin 2001). Elles comprennent le terme ‘science’ dans le sens le plus large possible qui inclut les sciences sociales et humaines aussi bien que les sciences exactes, l’ingénierie et les technologies. Les boutiques de sciences sont des organisations qui offrent à des groupes de citoyens un accès très peu cher aux connaissances et recherches scientifiques et technologiques afin qu’ils puissent acquérir des améliorations sociales et environnementales. Les activités des boutiques de sciences sont basées sur le fait que des organisations de la société civile ont leurs propres besoins en terme de recherche, en plus des demandes de l’état et du marché. Les boutiques se veulent un outil démocratique dans la production des connaissances scientifiques et servent alors d’interphase entre des groupes de citoyens (des organisations et associations à but non-lucratif, des collectifs, des syndicats) et des institutions scientifiques (universités, instituts de recherches) pour satisfaire une demande croissante.
Les quatre acteurs qui font vivre une boutique de sciences sont les ‘clients’ (demandant pour un appui de recherche, ces clients donnent également des idées et un savoir pratique), des scientifiques (des étudiants ou des chercheurs), un hôte (des institutions scientifiques) et l’équipe de la boutique (souvent des anciens scientifiques et techniciens). Le soutien actif de quatre acteurs est une condition nécessaire pour l’implantation et continuation réussites d’une boutique de sciences. Les boutiques varient quant à leur taille ou leur organisation selon les conditions spécifiques, mais elles partagent le désir d’élargir l’accès à la recherche pour des groupes marginalisés, et d’établir un partenariat équitable entre le ‘client’ social, la boutique de sciences et les partenaires scientifiques. A l’état actuel, la plupart des boutiques de sciences sont liées à un département universitaire (Mulder 1998). Dans la pratique, une organisation, association ou un groupe de citoyens s’adresse à la boutique avec un certain problème pour la résolution duquel ils ont besoin d’un soutien scientifique. Les coordinateurs des boutiques qui agissent en tant qu’intermédiaires et également superviseurs du projet cherchent des scientifiques et/ou des étudiants pour conduire la recherche. Cette activité s’inscrit dans la fonction de recherche et d’enseignement des universités. C’est la raison pour laquelle il est possible d’offrir le service des boutiques sans barrière financière. Les étudiants qui mènent leur recherche dans ce cadre valident des unités de valeur et acquièrent une expérience unique et pratique. Les raisons pour lesquelles des universités soutiennent les boutiques de sciences varient. A part des raisons de « relation publique », les universités comptent sur les boutiques pour obtenir des sujets de recherche intéressants et souvent multidisciplinaires pour leurs étudiants et scientifiques.
Le besoin d’un certain savoir exprimé par les groupes de citoyens peut être caractérisé dans la plupart des cas par trois types de demande :
1) Documentation d’un problème : les groupes sont confrontés à un certain problème pour lequel il cherche d’obtenir une documentation basée sur des résultats scientifiques afin d’attirer l’attention des autorités gouvernementales, des entreprises etc.. Ce travail peut également inclure une contre-expertise.
2) Amélioration des connaissances : les groupes de citoyens souhaitent recevoir des connaissances sur des futurs changements technologiques et la politique envisagée pour un domaine industriel ou dans une région, afin de pouvoir activement participer dans le débat.
3) Changement des perspectives : les groupes souhaitent d’être assisté pour développer des solutions pour un certain problème.
D’une façon générale, les boutiques de sciences ont en gros trois critères pour accepter des demandes. Les clients ne doivent pas avoir des objectifs commerciaux et les résultats de la recherche doivent être publiés (pour le bien commun). Ils doivent être capables d’utiliser les résultats pour accomplir leur mission et ne pas posséder des moyens financiers pour acquérir la recherche par autres partenaires (Gnaiger and Martin 2001). Le profit principal du modèle des boutiques de sciences est qu’elles encouragent des groupes de citoyens en leurs fournissant l’accès à la recherche et aux connaissances scientifique et technologiques dans des domaines très variés ce qui permet à la fois aux citoyens de participer d’une façon plus active et efficiente dans les débats démocratiques et à construire une société civile renforcée. Avoir leur propre expertise et leur propre expert et ainsi être des partenaires égaux dans des négociations politiques – les boutiques de sciences aident leurs clients à se positionner et valoriser envers d’autres parties prenantes souvent plus fortes et plus expérimentées qu’eux. Dans certains cas, la présence d’un permanent d’une boutique peut être utile pour équilibrer les approches des différentes parties prenantes (Mulder, communication personnelle).
Puisque les boutiques de sciences fournissent leurs services sur une base abordable et répondent à une demande actuelle, elles s’engagent dans des projets de recherche qui sont d’une utilité très précise pour la société. De plus, les boutiques de sciences font avancer le savoir et la compréhension du public des possibilités et du fonctionnement de la science car elles placent les citoyens en direct contact avec la recherche et les confrontent aussi avec les limites de la science. Elles représentent également un outil pour développer la compréhension et la conscience des besoins de la société civile auprès des responsables politiques et éducatifs et auprès des institutions scientifiques.
Il est essentiel pour le travail d’une boutique d’avoir des permanents. Rien qu’accueillir les clients et reformuler leurs demandes en des projets de recherche prend énormément du temps et demande une expérience professionnelle puisque des problèmes communautaires ne présentent pas des questions scientifiques toutes faites. Il est indispensable d’appréhender avec le client ce qui est susceptible de relever de la démarche scientifique, c’est-à-dire au moins un ou deux entretiens ultérieurs afin de préciser le problème et le cerner scientifiquement pour que la pertinence scientifique en ressorte (Mulder, communication personnelle). Pour trouver le scientifique ou l’étudiant qui va traiter le projet, les équipes des boutiques possèdent tout un réseau de contact à l’intérieur de leur université aussi bien qu’à l’extérieur. Le rôle de médiateur est fondamental dans toutes ces démarches – discuter le projet d’une façon adaptée avec les partenaires si différents comme les clients et les scientifiques, superviser le travail, établir le contact avec tous les acteurs, formuler le rapport final d’une façon compréhensible et satisfaisante pour tous. Être un boutiquier c’est d’abord et surtout être un bon médiateur.
Les expériences des boutiques de sciences montrent également que la distinction entre sciences sociales et sciences naturelles est appliquée d’une façon beaucoup moins rigide en dehors les institutions scientifiques qu’en intérieur. Cela semble être un point important dans la ‘Science citoyenne’ : des limites développées en intérieur du monde académique sont moins relevantes pour des demandes publiques puisque souvent un savoir scientifique ‘exacte’ et un savoir en science sociale sont nécessaire dans le même contexte pour trouver une solution (Irwin 1995).

Voir l’article de l’Union européenne sur les boutiques de sciences.