« Le vivant est-il un bien commun ? »

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vendredi 5 décembre 2003

Miniature

En collaboration avec l’association VIVAGORA*, avec le concours du Conseil régional d’Ile-de-France. Inscriptions : (nombre de place limités) : communication (@) ciup.fr Renseignements : vivagora (@) noos.fr ou 01 55 65 32 83.Parcours en six étapes

1) le 11 décembre 2003 ( attention : 19h-20h)
Se mettra en place le groupe de suivi. La problématique sera introduite. Une discussion informelle visera à cerner les interrogations, les visions, les craintes, les attentes, les propositions des uns et des autres.

2) 15 janvier 2004 (20h-22h)
Le vivant est-il une marchandise comme les autres ? Quelle est la frontière entre vivant et matière inerte/ entre humain et non humain ? Où placer les gènes ? Que peut-on considérer comme bien commun, non commercialisable ? Peut-on distinguer découverte et invention, « donné » et « fabriqué », entre « produit de la nature » et « produit de l’homme » ? Sur quelle valeur peut se fonder l’idée d’une communauté d’intérêts ? avec Jean-Claude AMEISEN, biologiste à l’Hôpital Bichat (Paris), président du comité d’éthique de l’Inserm Monique CANTO-SPERBER, philosophe, spécialiste de philosophie morale et politique, Université Paris I, CNRS.
Laurence TUBIANA, directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI)

3) 12 février 2004 (20h-22h)
Main- mise sur les corps ?
Les biobanques, les techniques de dépistage génétique, les biothérapies, les gènes, les cellules, les tissus et les organes doivent -ils ou peuvent-ils être « privatisés » ? Quels sont les intérêts en jeu ? Comment éviter les abus, les usages restrictifs, les monopoles ? Comment développer une mutualisation des moyens et des coûts ? avec Anne CAMBON-THOMSEN, médecin, Laboratoire « Génomique, santé, société : analyses multidisciplinaires et décision en santé », Inserm, Toulouse
Jocelyne PORCHER, INRA, spécialiste de l’élevage animal
Christine NOIVILLE, juriste, Université Paris I, CNRS

11 mars 2004 (20h-22h
Thérapies : quelles innovations, par qui, pour qui ? Alors que les menaces sanitaires persistent, l’invention de nouvelles molécules thérapeutiques est en panne. Comment faut-il organiser la recherche, la production, la rémunération des industriels, et la distribution pour lutter contre le paludisme, les maladies parasitaires, la tuberculose, les infections virales… Quelles solutions trouver pour permettre l’accès aux thérapies à toutes les populations ? avec : Jean-François GIRARD, président de l’Institut de la recherche pour le développement
Yves CHAMPEY, président de l’initiative sur les médicaments pour les maladies négligées (DNDi) + OMS

8 avril 2004 (20h-22h)
La guerre des semences
Comment protéger les innovations tout en instaurant un partage des ressources végétales ? Quelle agriculture durable permet la juxtaposition des cultures transgéniques et traditionnelles ? Quels respect des usages et connaissances des peuples ? avec :
Andrée SONTOT (Bureau des ressources génétiques).
Alain WEIL (IRD)

13 mai 2004 (20h-22h
Inventer de nouvelles formes d’échange Les états, les peuples, les instances internationales ont-ils les moyens de défendre un accès équitable aux ressources, à des éléments considérés comme patrimoine commun ? Comment organiser une économie d’échange qui reconnaît des dimensions non commerciales, sociales et environnementales ? avec :
Alain CAILLÉ, sociologue, Université Paris X.
Claude HENRY, Economiste, laboratoire économétrie, Ecole Polytechnique
Bernard CHEVASSUS-AU-LOUIS, biologiste, directeur du Muséum national d’histoire naturelle.

11 juin 2004 GRAND DÉBAT avec décideurs et hommes politiques ss réserve : Yves COCHET (député) , Stuart Harbisson, ancien président des négociations à l’OMC Alain CLAEYS (OPECST-, Jean François MATTEI (Ministère de la santé)…


Pourquoi a-t-il fallu que l’Unesco prenne les devants pour déclarer le génome humain « patrimoine commun de l’humanité » ? Le message génétique intime, fruit de l’évolution naturelle de l’homme, est-il donc devenu un objet commercial ? Plus que jamais, quantité de biens sont accaparés par des intérêts privés, dont la logique n’est pas celle du bien commun mais celle du retour sur investissement au profit de particuliers. Ainsi, les modes d’exploitation du Vivant se diversifient, s’intensifient, diffusent dans toutes les industries et nous concernent donc tous.

Semences, médicaments, embryons, gènes, corps… comme marchandises ordinaires ? L’air que nous respirons, l’eau de nos rivières, les produits agricoles de base, les aliments, ne sont plus disponibles pour tous, et ne sont pas exploités équitablement sur la planète. Maints produits industriels indispensables, comme les médicaments, restent inaccessibles à la majorité des hommes.
En Inde, des rivières sont privatisées, empêchant la pêche locale de subsistance. Au Brésil, des paysans se trouvent acculés à acheter leurs semences OGM et le désherbant associé, au prix fort. Des millions de personnes atteintes du Sida sont condamnées à mort faute de pouvoir acheter les antirétroviraux brevetés et produits dans les pays du Nord… Avec l’essor des biotechniques, les éléments du corps humain deviennent à leur tour objets d’échanges de nature commerciale : tissus embryonnaires pour réparer des cerveaux malades, cellules souches pour soigner, gènes brevetés associés à des tests génétiques commercialisés sous exclusivité, sang issu du cordon fœtal prélevé à la naissance pour soigner des déficiences immunitaires, corps de mères porteuses, ovules, spermatozoïdes, organes… commencent à se vendre. Secrets médicaux et informations génétiques personnelles risquent d’être monnayés au plus offrant. comme en Islande, aux iles Tonga ou en Lettonie Tous les êtres vivants ou leurs parties, l’homme lui-même en définitive, pourraient bien être réduits au statut de marchandises si nous n’y prendrons garde. D’autant que des réseaux commerciaux parallèles, parfois mafieux, s’organisent.

Réguler les échanges commerciaux
Ce phénomène de commercialisation des ressources vivantes menace les liens sociaux et intensifie les risques de conflits. En matière agricole, la généralisation de la culture des plantes OGM produites et brevetées au Nord ou celle des plantes industrielles subventionnées au Nord ne risque-t-elle pas d’intensifier les déséquilibres économiques ? Comment organiser l’exploitation des ressources locales en répartissant les profits et en préservant les accès aux produits sources ? Comment garantir aux populations l’accès aux produits vitaux ? Comment lutter contre l’accélération dangereuse et douloureuse des inégalités ? Dans le domaine sanitaire, qu’adviendra-t-il du principe de non-commercialisation des produits du corps humain (organes, sang, sperme, ovules…) si l’on admet comme légitimes les brevets sur les cellules ou les gènes ?

Une échéance majeure : janvier 2005
Les rapports marchands non régulés entraînent déjà une surexploitation voire un pillage de certaines ressources naturelles de la planète, comme les forêts tropicales ou les poissons et autres organismes aquatiques. Que se passera-t-il lorsqu’ils s’étendront à la santé, à la procréation ? La logique de marché – source permanente de nouveaux produits et vitrine alléchante – est une source de développement indéniable mais ne peut être la seule modalité d’échanges. Un arbitrage fort, à l’échelon international, apparaît nécessaire pour intégrer les enjeux sociaux et environnementaux des multiples formes d’exploitation du Vivant ? Reste à définir comment , avec quels outils, à quelle échelle, sur quelles ressources ? Ces questions sont au cœur des négociations en cours dans de nombreuses instances internationales (OMS, FAO, Unesco…). C’est surtout à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) que vont s’opérer les choix majeurs : en janvier 2005, devront y être finalisées les règles internationales essentielles d’échanges en matière agricole, de santé et de propriété intellectuelle.

CafésCités pour anticiper l’avenir
Il est donc temps de voir clair, de saisir les enjeux, et d’envisager les choix. Nous vous proposons de réfléchir ensemble aux moyens d’installer un équilibre entre développement des échanges, soutien à l’innovation scientifique, technique et industrielle et régulation de l’emprise marchande. Il s’agira de confronter les expériences et les connaissances de chacun, nos visions, nos interrogations, nos inquiétudes. En comparant ensemble les scénarios possibles, des alternatives, en laissant s’exprimer des priorités divergentes, nous pourrons élaborer des perspectives nouvelles.
En nous appuyant d’un côté sur un groupe d’étudiants et/ou de jeunes chercheurs, de l’autre sur des spécialistes, médecins, économistes, industriels, agronomes, philosophes, biologistes ou sociologues, nous pourrons repérer les points de convergence et de divergence, les propositions saillantes, les pistes à creuser. Lors du « grand débat » du 11 juin, qui rassemblera des personnalités politiques et décideurs, le groupe « citoyen » exposera des propositions, recommandations et questions qui seront ensuite débattues.